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l’espace fortement polarisée par des lieux de séjour dominants et centrée autour de la
personne du roi faisant le lien entre chaque territoire. Étudier le gouvernement itinérant
de la royauté invite donc à regarder les relations spécifiques entre territoire et politique à
l’époque féodale. À travers l’itinérance des Plantagenêt, il s’agira de saisir comment les
déplacements royaux ont contribué à la formation d’un pouvoir territorial. C’est en effet
parce que l’espace parcouru n’est pas encore un territoire maîtrisé – comme il le sera au
milieu du XVI e siècle, lorsque Catherine de Médicis organisera le voyage de Charles
IX, afin de réactiver, en des temps troublés, le long processus de la construction de la
souveraineté du pouvoir royal 3 – que les Plantagenêt n’ont cessé d’être sur les routes de
leur empire. C’est seulement avec l’essor de la puissance administrative des monarchies
que la cour se sédentarisera dans des « capitales » royales 4 . Au Moyen Âge, le roi se
déplace encore avec son administration, son trésor, ses chartes, dont les datations
constituent d’ailleurs le principal moyen de reconstituer les itinéraires royaux.
Pour comprendre comme voyageaient les Plantagenêt, il faut donc s’interroger
sur le fonctionnement de la cour royale ; un domaine que la récente historiographie
française des Plantagenêt a particulièrement exploré et notamment dans deux directions.
La première s’est inscrite dans la continuité de la sociologie de Norbert Elias visant à
décrire la société de cour, sa composition sociologique, en insistant tout d’abord sur les
phénomènes de recomposition et d’extension du milieu curial consécutifs à l’intégration
d’une partie de la petite aristocratie et de la bourgeoisie naissante au service du roi 5 .
Récemment stimulés par l’essor de la prosoprographie, les travaux sur la cour des
Plantagenêt ont ainsi permis de mieux délimiter l’entourage royal : les aristocrates qui
composent les cercles rapprochés du roi et sa familia, apparaissent alors dominés par les
Normands et les Anglais aux dépens des Poitevins 6 . La figure sociologique du
3
BOUTIER, J.; DEWERPE, A. et NORDMAN, D., Un tour de France royal. Le voyage de Charles IX
(1564-1566), 1984.
4
BOUCHERON, P. et al., « Formes d’émergence, d’affirmation et de déclin des capitales : rapport
introductif », dans Les villes capitales, 2006, p. 1-43.
5
BALDWIN, J. W., « Studium et Regnum : the penetration of university personnel into French and
English administration at the turn of the XII th and XIII th Centuries », Revue des études islamiques, 44
(1976), p. 199-211; TURNER, R. V., Men Raised from the Dust. Administrative Service and Upward
Mobility in Angevin England, 1988.
6
Depuis EYTON, R. W., Court, Household, and Itinerary of King Henry II, 1878; TÜRK, E., Nugae
curialium. Le règne d'Henri II Plantegenêt ( 1145-1189) et l'éthique politique, 1977 et jusqu’aux
contributions de AURELL, M. (éd.), La cour Plantagenêt, 1154-1204. Actes du colloque tenu à Thouars
du 30 avril au 2 mai 1999, 2000, ainsi que BILLORÉ, M., « Pouvoir et noblesse en Normandie (fin XIIe -
début XIIIe siècles). De l'autocratie Plantagenêt à la domination capétienne », Thèse de doctorat, sous la
dir. de Martin Aurell, 2005, non publiée ; BILLORÉ, M., « La noblesse normande dans l'entourage de
Richard Ier », dans La cour Plantagenêt, 1154-1204, 2000, p. 151-166 ; VINCENT, N., « Les Normands
de l’entourage d’Henri II Plantagenêt », dans Angleterre et Normandie au Moyen Âge. Actes du Colloque
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