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dans les défens [espaces réservés] de l’Epaut et partout les frères pourront y fait paître
leurs animaux » 357 .
Pour tenter de comprendre la densité des fondations dans cette région et la
prodigalité de Richard lors de son passage en Vendée en mai 1190, il faut s’interroger
sur leur rôle comme facteur de stabilisation du territoire avant le départ en croisade du
nouveau roi. Tous les historiens s’accordent sur le fait que, entre son couronnement et
son départ en croisade, Richard prit de nombreuses décisions visant à organiser le
gouvernement pendant son absence. Le patronage séculier de Richard a particulièrement
attiré l’attention et a été interprété comme un signe d’ouverture d’esprit vis-à-vis des
loyaux officiers de son père et comme signe de son éthique chevaleresque. Ralph V.
Turner et Richard R. Heiser proposent toutefois de voir dans l’achat des loyautés
politiques des barons et des curiales, un moyen substantiel pour renforcer le pouvoir
royal et un trait davantage significatif de son art du gouvernement (art of kingship) 358 .
Le patronage monastique de Richard a en revanche été assez peu étudié. Or, en le
replaçant dans ce contexte, il apparaît également comme un moyen de s’attacher non
seulement les faveurs et l’aide du clergé, mais aussi les loyautés seigneuriales réunies
autour d’une même communauté mémorielle. Dans ces espaces où le contrôle des
évêchés n’était pas assuré, la fondation de monastères pouvait constituer un substitut
pour contrôler les réseaux aristocratiques locaux. Une fondation permettait en effet de
créer un réseau de donateurs souvent formé au sein de l’aristocratie locale. David
Crouch a ainsi fait la démonstration, à propos de Guillaume le Maréchal, de l’efficacité
du patronage d’un établissement religieux comme moyen à la fois d’infiltration et
d’affirmation de l’autorité du fondateur à l’intérieur d’une communauté seigneuriale 359 .
Certes la structure des seigneuries en Poitou était éloignée du système féodal anglais,
plus favorable à la création de ces communautés honoriales, mais les choix de patronage
et de fondation n’en étaient pas moins influencés par les caractéristiques de la féodalité
357
Ibid., II, Instrusmenta ecclesiae Pictavensis, col. 388, n° IX. Concedimus etiam quod fratres de Gratia
beatae Mariae cecipiant in perpetuum de lignis quantum opus habebunt ad facienda et reparanda aedicia
sua et ad ceteros usus abbatiae ubicummque voluerunt in foresta de Argenchum, etiam in defensis quae
dicuntur Espaut, et ubique in eadem foresta pascua eaquibus fratrum, permentis et gregibus et eorum
porcis pastinagium. Les défens étaient les espaces créés par les défrichements récents généralement
interdit au paturage. ARNOUX, M., « Perception et exploitation d'un espace forestier: la forêt de Breteuil
(XI-XVe siècles) », Médiévales, 18 (1990), p. 17-32.
358
TURNER, R. V., The Reign of Richard Lionheart. Ruler of the Angevin Empire, 1189-1199, 2000,
p. 79.
359
COWNIE, E., « Religious patronage and lordship: the debat on the nature of the honor », dans Family
Trees and the Roots of Politics. The Prosopography of Britain and France from the Tenth to the Tweltfh
Century, 1997, p. 133-146; CROUCH, D., « Strategies of lordship in Angevin England and the career of
William Marshal », dans The Ideals and Practice of Medieval Knighthood, 1988, p. 8-13.
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