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une mise en forme parfaite et admirable de « l’inventaire du monde » 344 , de même, la<br />

formation par Henri II d’un « empire » s’est accompagnée d’une série d’enquêtes et de<br />

descriptions géographiques visant à produire un savoir sur les ressources humaines et<br />

matérielles de ses territoires.<br />

Toutes les inquisitiones d’Henri II : la Carta Baronum (1166), les enquêtes des<br />

shérifs (1170) et des fiefs chevaliers normands (1172) qui accompagnent le mouvement<br />

de réformes judiciaires et administratives de la monarchie s’inscrivent dans la<br />

chronologie des grandes enquêtes lancées par Guillaume le Conquérant qui forment le<br />

Domesday Book, dont le but était de permettre une prise de possession mentale et fiscale<br />

de la conquête du royaume anglo-saxon. Elles inaugurent également une ère où la<br />

description géographique devient un instrument essentiel du pouvoir, non seulement<br />

pour prendre possession de terres conquises, mais aussi pour prendre la mesure des<br />

pertes territoriales 345 . Une telle géographie d’« inventaires » correspond d’ailleurs bien<br />

mieux qu’une carte à l’idée que les monarques du Moyen Âge se font de leur royaume,<br />

c’est-à-dire un ensemble de droits plus que le territoire qu’ils recouvrent. La<br />

connaissance géographique, qui ne se distingue pas de la topographie (ni de la<br />

cosmographie) avant le XV e siècle, au moment où le mot apparaît, repose donc sur deux<br />

principes : un savoir théorique, hérité des traditions littéraires et scientifiques de<br />

l’Antiquité et du haut Moyen Âge, mais également un savoir fondé sur l’expérience et la<br />

pratique. Cette double nature de la géographie fait de ce savoir une connaissance<br />

dynamique, sensible aux évolutions des représentations de l’espace et du territoire.<br />

C’est pourquoi on peut se demander quelles sont les transformations que sous-tend<br />

l’essor de la cartographie, qui de simple technique savante au XII e siècle s’impose<br />

progressivement comme une véritable culture 346 .<br />

La cartographie médiévale : un reflet des transformations politiques ?<br />

344 NICOLET, C., L'Inventaire du monde Géographie et politique aux origines de l'Empire romain, 1988;<br />

GAUTIER-DALCHÉ, P., « Sur l'"originalité" de la "géographie" médiévale », dans Auctor et Auctoritas.<br />

Invention et conformisme dans l'écriture médiévale. Actes du colloque de l'UVSQ 14-16 juin 1999, 2001,<br />

p. 131-143.<br />

345 NORDMAN, D., « La connaissance géographique de l'État (XIV-XVIIe siècles) », dans L’État<br />

moderne : le droit, l’espace et les formes de l’État, 1990, p. 175-182 cite FAWTIER, R., « Comment au<br />

début du XIVe siècle, un roi de France pouvait-il se représenter son royaume », Académie des<br />

Inscriptions et Belles Lettres. Comptes rendus des Séances de l'année 1959 (1960), p. 117-123.<br />

346 GAUTIER-DALCHÉ, P., « D’une technique à une culture : cartes nautiques et portulans au XII-XIIIe<br />

siècles », dans L’uomo e il mare nella civiltà occidentale : da Ulisse a crist<strong>of</strong>ora Colombo, 1992, p. 286-<br />

312.<br />

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