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Chapitre 3
Des travaux communs aux travaux
« publics » : la construction d’un
territoire politique
Si les notions d’utilité publique et de Bien Commun constituent des concepts
courants de la pensée politique médiévale 1 , peut-on parler de travaux d’utilité publique
au XII e siècle sans transposer une catégorie anachronique sur la réalité médiévale ? En
suivant les réflexions de Peter Von Moss sur l’usage de l’anachronisme contrôlé de la
notion de « public » appliqué à la société médiévale, la question des constructions qui
sortaient du cadre de la relation strictement féodale par leur ancrage dans la tradition
antique de la Res Publica nous semblait mériter d’être posée en ces termes 2 . Selon la
définition devenue classique de Georges Duby, est considéré comme « public ce qui est
commun, à l’usage de tous, ce qui ne faisant pas l’objet d’appropriation particulière est
ouvert, distribué » 3 . Or, avec la fin de l’Antiquité, la division romaine entre public et
privé disparaît si bien qu’à l’époque carolingienne, elle est « remplacée par le sentiment
1 KEMPSHALL, M. S., The Common Good in Late Medieval Political Thought, 1999 ; il présente la
notion de bien commun dans les textes de philosophie politique et de théologie à partir du XIII e siècle,
comme étant un élément central de la pensée politique médiévale. Voir aussi pour les périodes
précédente : SASSIER, Y., Structures du pouvoir, royauté et Res Publica (France, IXe-XIIe siècle), 2004.
2 VON MOOS, P., « Public et privé au cours de l'histoire et chez les historiens », dans Entre histoire et
littérature. Communication et culture au Moyen âge, 2005, p. 440-470, pour une discussion et application
de ces catégories à la société médiévale voir aussi JUDDE DE LARIVIÈRE, C., Naviguer, commercer,
gouverner. Économie maritime et pouvoirs à Venise (XVe-XVIe siècles), 2008 ; VON MOOS, P., « Das
Öffentliche und das Private im Mittelalter. Für einen kontrollierten Anachronismus », dans Das
Offentliche und Private in der Vormoderne, 1998, p. 3-83.
3 DUBY, G., « Pouvoir privé, pouvoirs publics », dans Histoire de la vie Privée, 2. De l’Europe féodale à
la Renaissance, 1999, p. 17-50, (p. 18).
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