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A grande échelle (au sens cartographique), les usages de la carte en tant
qu’instrument de réflexion et d’analyse ne semblent pas poser particulièrement
problème. Ainsi la cartographie de la châtellenie de Brancion-Uxelles par Georges
Duby constitue un exemple classique de cartographie régionale polarisée, insistant sur le
dessin des réseaux et les diverses hiérarchies 390 . À l’échelle régionale, si l’on s’en tient à
l’espace des Plantagenêt, les cartes élaborées par Jacques Boussard pour l’Anjou et celle
de l’Atlas historique français 391 (carte 1.12 et 1.13) offrent des représentations de
l’espace social et politique où a été privilégiée la figuration des filiations et des
appartenances. L’espace y apparaît ainsi polynucléaire et réticulé, représentant les
hiérarchies subalternes au niveau comtal. En revanche, le croquis proposé par Jean
Tricard pour synthétiser la description de la Touraine par un moine du XII e siècle, ne
parvient pas à représenter l’une des fonctions pourtant centrale des châteaux cités : celle
de « ceindre la ville de Tour ». Au lieu de souligner l’organisation réticulaire et
polarisée de l’espace tourangeau, l’auteur choisit en effet de dessiner en pointillé des
axes et des limites virtuels qui divisent l’espace en surfaces déformant ainsi la vision
qu’en avait le moine anonyme du XII e siècle (carte 1.14). Plus récemment, et dans le
même espace, les travaux d’Hélène Noizet ont montré ce que l’usage des Systèmes
d’Information Géographiques (SIG) apportent dans les modalités de représentations de
l’espace à l’échelle urbaine mais aussi dans un périmètre plus vaste ne se limitant pas
aux cadres régionaux préétablis 392 . Ces quelques exemples montrent que ce n’est donc
pas à l’échelle urbaine ou régionale qu’interviennent les principales difficultés, mais dès
lors qu’on élargit la focale.
À petite échelle, les propositions cartographiques pour représenter l’empire
Plantagenêt n’ont jusqu’à présent pas donné lieu à d’intenses réflexions conceptuelles,
bien que l’école de géographie historique ait été particulièrement dynamique en Grande-
Bretagne depuis les années 1950, à la suite des travaux de H. C. Darby, célèbre pionner
de la géographie et la cartographie du Domesday Book 393 . Après une phase très
théorique, la géographie historique britannique est revenue à la construction de modèles
plus empiriques notamment avec les travaux de N.J.G Pounds qui offre une véritable
390
BOUCHERON, P., « Représenter l'espace féodal : un défi à relever », Espaces Temps.
Histoire/Géographie, 2. Les promesses du désordre, 68-69-70 (1998), p. 59-66 cite DUBY, G., La société
aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise, 1953.
391
BAUTIER, R. H. et al. (eds.), Atlas historique français : le territoire de la France et de quelques pays
voisins. 1. Anjou, 1973, planche IV.
392
NOIZET, H., La fabrique de la ville. Espaces et sociétés à Tours, IXe-XIIIe siècle, 2007.
393
DARBY, H. C., Domesday England, 1986; DARBY, H. C., A new historical geography of England,
1973; DARBY, H. C., Domesday England, 1986.
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