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l’historiographie contemporaine a évacué cette terminologie, obérant ainsi partiellement<br />

la perception de la construction des États médiévaux au XIII e siècle comme formations<br />

impériales. Les raisons sont multiples et notamment la résistance intellectuelle des<br />

historiens qui continuent de penser que l’empire est un anachronisme, en dehors de<br />

toutes formes légitimes héritières de la Rome antique 307 , une position dont on a pourtant<br />

vu qu’elle relevait de l’ethnocentrisme. Il y a aussi sans doute la persistance d’un<br />

schéma intellectuel issu de l’historiographie du XIX e siècle, qui cherchait à montrer la<br />

continuité de l’État et de la nation française depuis les débuts du Moyen Âge par<br />

opposition au développement « manqué » de l’Empire allemand. Mais cette perspective<br />

finaliste ne laisse pas de place aux hésitations et à la contingence des situations<br />

historiques propres. Pour Pierre Monnet qui étudie l’articulation entre regnum et<br />

imperium, si aucun État moderne n’a émergé de l’Empire allemande c’est « parce que<br />

ce qui intéressait les contemporains était une organisation de l’Empire avec laquelle ils<br />

pourraient vivre dans la diversité des États, des cultures et des territoires le composant<br />

et non l’étatisation centralisée et « manquée » que cherche en permanence l’historien<br />

moderne depuis le XIX e siècle » 308 . Il y aurait également, selon cet historien, une<br />

incompatibilité entre la conception de l’empire comme mission divine et donc un refus<br />

de renoncer à la sécularisation du pouvoir souverain et une construction rationnelle<br />

étatique. Sans devenir un État, cet Empire n’en est moins devenue une nation, ce qui<br />

caractériserait finalement le mieux le processus de formation impériale, selon Gabriel<br />

Martinez-Gros, pour qui « un empire qui réussit, ce n’est pas un empire, c’est une<br />

nation » 309 .<br />

Comprendre ce qu’est un empire a été l’une des principales préoccupations de la<br />

sociologie politique depuis les années 1960, qui s’était donnée pour tâche de<br />

comprendre le fonctionnement des systèmes politiques mondiaux, en plein contexte de<br />

décolonisation. Le schéma narratif dominant de ces études, qui ont été majoritairement<br />

anglo-américaines, était axé autour de la question de la fin ou du déclin impérial, une<br />

question considérée comme cruciale pour parvenir à définir la nature des empires 310 .<br />

307<br />

C’est notamment la perspective de l’ouvrage de Jean Tulard : TULARD, J. (éd.), Les empires<br />

occidentaux: de Rome à Berlin, 1997.<br />

308<br />

MONNET, P., « Le Saint Empire entre regnum et imperium », dans Les empire. Antiquité et Moyen<br />

Âge analyse comparée, 2008, p. 155-180.<br />

309<br />

MARTINEZ-GROS, G., « L'empire et son espace: Conclusions », Hypothèses 2007. Travaux de<br />

l'Ecole doctorale de <strong>Paris</strong> 1 <strong>Panthéon</strong>-<strong>Sorbonne</strong> (2008), p. 275-281.<br />

310<br />

EISENSTADT, S. N., The Decline <strong>of</strong> empires, 1967; DUROSELLE, J. B., Tout empire périra une<br />

vision théorique des relations internationales, 1992 [1981]; MOTYL, A. J., Imperial ends : the decay,<br />

collapse, and revival <strong>of</strong> empires, 2001.Voir aussi sur l’historiographie des empires BARKEY, K.,<br />

« Trajectoires impériales: histoires connectées ou études comparées? », RHMC, 54: 5 (2007), p. 90-103<br />

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