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œuvre des vastes chantiers de construction visant à pérenniser dans l’espace et sur le
territoire l’image monumentale de la puissance royale. En ce sens, palais et châteaux
constituaient autant de moyens de contrôle du territoire : les demeures de villégiature
permettant au roi d’exercer sa domination sur l’espace par la pratique de la chasse, et les
fortifications de marquer le paysage de la puissance et de « l’idéologie » royale. Les
sites royaux, en conjuguant plusieurs fonctions (résidentielle, militaire, symbolique)
constituèrent, au moins en Angleterre et en Normandie, un véritable réseau de lieux
dont l’articulation et la polarisation croissante ont contribué à territorialiser le pouvoir
du roi. Au début du XIII e siècle, la multiplicité des lieux de pouvoir et la dispersion des
fonctions symboliques et capitales restent néanmoins la règle. Ce n’est en effet pas
avant la fin du XIV e siècle, lorsque la concentration des pouvoirs en un centre
« capital » ne nécessite plus d’allier conquête du territoire et villégiature, que la
construction politique du territoire peut être considérée comme en partie achevée 402 .
Mais, plus encore que la simple présence des palais et châteaux royaux, leur
construction même a constitué un moment crucial de la prise de possession du territoire.
Parce qu’ils s’inséraient dans un environnement économique et social, les chantiers de
construction des Plantagenêt ont en effet contribué à la maîtrise d’un espace
économique « impérial », articulant plusieurs échelles, à la fois locales et globales.
402 THEIS, V., « Les stratégies d’implantation palatiale dans la région d’Avignon de Jean XXII à Clément
VI (1316-1352) », dans Les palais dans la ville. Espaces urbains et lieux de la puissance publique dans la
Méditerranée médiévale, 2004, p. 165-187 montre comment l’implantation de résidences pontificales et
leur organisation en un réseau contribua à la territorialisation du pouvoir des papes en Comtat Venaissin.
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