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ne concernaient pas un seul bâtiment qui aurait été la domus regis, mais que ce qui
désignait la résidence princière était composé de différents éléments 196 . À l’époque
carolingienne, les résidences royales étaient en effet organisées en pôles différenciés
aux vocations politiques (aula), domestique (camera), ecclésiastique (capella) et
économique (villa, curtis) 197 . Cette quadipolarisation se maintient globalement tout au
long du Moyen Âge, même si l’attribution des fonctions aux différentes structures ne
semble pas avoir été fixe et même souvent interchangeable 198 . À Vatteville-la-Rue, la
résidence des Meulan en Normandie, Anne-Marie Flambard Héricher a en effet montré
que dans la salle principale s’étaient enchevêtrées différentes fonctions, la vie publique
et la vie privée du prince n’étaient pas des sphères clairement séparées 199 . De même, la
recherche anglaise a longtemps interprété les édifices anglo-normands rectangulaires
comme des aulae alors qu’il s’agissait plus vraisemblablement de camerae 200 . Plus
fréquemment, l’édifice que les Anglais appellent le hall and chamber-block pouvait
avoir plusieurs étages 201 , les fonctions étant alors distribuées en élévation. C’est le cas
par exemple de la salle de l’Échiquier du château de Caen, où le rez-de-chaussée
accueillait la cuisine (il n’y a ni pavage, ni grandes ouvertures, mais des foyers de
cheminées) tandis que l’espace d’apparat était au premier étage, largement éclairé par
196 En 1174 par exemple, £16 sont affectées : in emendatione domorum regis in eodem castri
[Northampton] et pro domibus turris tegendam ; PR 20 H.II, p. 55.
197 RENOUX, A., « Les fondements architecturaux du pouvoir princier en France (fin IXe - début XIIIe
siècle) », dans Les Princes et le Pouvoir au Moyen Âge. Actes du XXIIIe congrès de la SHMESP, 1993, p.
167-194 ; DEBORD, A.; BAZZANA, A. et POISSON, J. M., Aristocratie et pouvoir : le rôle du château
dans la France médiévale, 2000 (chapitre 5).
198 RENOUX, A., « ‘Aux marches du palais’ : des mots, des concepts et des réalités fonctionnelles et
structurelles », dans Aux marches du palais : qu'est-ce-qu'un palais médiéval ? : données historiques et
archéologiques, 2001, p. 9-20; RENOUX, A., « Les fondements architecturaux du pouvoir princier en
France (fin IXe - début XIIIe siècle) », dans Les Princes et le Pouvoir au Moyen Âge. Actes du XXIIIe
congrès de la SHMESP, 1993, p. 167-194 : « la diversification architecturale est devenue une réalité don
on a bien conscience. Mais tout se passe comme si la diversification morphologique avait précédé la
diversification fonctionnelle, laquelle reste très loin d’atteindre partout systématiquement le même degré
de spécialisation » (p. 184).
199 FLAMBARD HÉRICHER, A. M., « Le "Vieux Château" de Vatteville-la-Rue (Seine-Maritime),
première approche archéologique », dans Château Gaillard, 17: Etudes de castellologie médiévale, 1996,
p. 85-89; FLAMBARD HÉRICHER, A. M., « La construction dans la basse vallée de la Seine: l'exemple
du château de Vatteville-la-Rue », dans Château Gaillard, 18: Etudes de castellologie médiévale, 1998, p.
93-102.
200 RENOUX, A., « ‘Aux marches du palais’ : des mots, des concepts et des réalités fonctionnelles et
structurelles », dans Aux marches du palais : qu'est-ce-qu'un palais médiéval ? : données historiques et
archéologiques, 2001, p. 9-20 cite WOOD, M., Norman domestic architecture, 1974 contestée par
BLAIR, J., « Hall and Chamber English Domestic Planning, 1000-1250 », dans Manorial domestic
buildings in England and Northern France, 1993, p. 1-21 ; voir aussi BARTHÉLEMY, D., « Les
aménagements de l'espace privé. IXe-XIIIe siècle », dans Histoire de la vie Privée, 2. De l’Europe
féodale à la Renaissance, 1999, p. 397-422.
201 IMPEY, E., « La demeure seigneuriale en Normandie entre 1125 et 1225 et la tradition anglonormande
», dans L'architecture normande au Moyen âge, 2001, p. 219-241.
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