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implications spatiales. Dans la pratique, en effet, le pouvoir royal et princier entreprend
au cours de cette période de renforcer ses assises territoriales, processus qui aboutit, à la
fin du Moyen Âge, à la domination d’un espace « sans lacune » 4 . Comprendre comment
s’est renforcée l’autorité politique des Plantagenêt impliquait donc de saisir la manière
dont ils se sont efforcés de contrôler l’espace de leur domination. En ce sens, la
politique de construction peut être considérée comme un véritable mode de
gouvernement, permettant de contrôler les lieux et de définir le territoire. À ce titre, le
cadre « impérial » dans lequel les Plantagenêt ont exercé leur autorité a constitué une
dimension essentielle pour saisir les mécanismes de l’articulation des pouvoirs au
niveau local et central. Il ressort de cette étude que l’émergence de leur pouvoir
souverain peut être envisagée à partir de trois processus fondamentaux : la politisation,
la territorialisation et l’« impérialisation » des rapports de pouvoir.
Politisation
Selon Thomas N. Bisson, l’affirmation des prérogatives royales du maintien
d’un ordre public, outrepassant les coutumes féodales et le consensus baronnial,
constitue un phénomène européen, que l’on rencontre dès 1158, lorsque Frédéric
Barberousse déclare agir non seulement sur le conseil et le consentement de ses princes
mais aussi en vertu de ses obligations impériales pour assurer la paix et la tranquillité du
peuple, et en 1188, dans les Constitutiones d’Alphonse II d’Aragon 5 . L’invocation du
maintien de l’ordre public identifié à la défense du status regni, conçu comme territorial
autant que public, caractérise ce que cet historien appelle « la politisation de l’ordre
public ». Autrement dit, les princes ont accompagné l’exercice de leur potestas de
discours de légitimation qui ont contribué à renforcer leur auctorictas. Parmi les
principaux instruments de la politisation de la potestas publica des Plantagenêt, le droit
a été sans doute le puissant, mais on peut également citer la comptabilité royale et,
d’une certaine manière aussi, l’histoire : la rédaction des fresques relatant les origines
des peuples Breton et Normand ont en effet constitué des langages à travers lesquels ont
été véhiculé les discours du pouvoir.
4 DEVROEY, J. P. et LAUWERS, M., « L’''espace" des historiens médiévistes: quelques remarques en
guise de conclusion », dans Construction de l'espace au Moyen Âge: pratiques et représentations, 2007,
p. 435-453, citent : SIMMEL, G., Sociologie: étude sur les formes de la socialisation, 1999, p. 673 et
suiv. et DEVROEY, J. P., Puissants et misérables: système social et monde paysan dans l'Europe des
Francs (VIe-IXe siècles), 2006, p. 62 et 444.
5 BISSON, T. N., The Crisis of the Twelfth Century. Power, Lordship, and the Origins of European
Government, 2009, p. 533-541.
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