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universalistes de l’Église (le plan) se confronte une conception territoriale de la
souveraineté royale (le parcours).
Les travaux portant sur ces représentations cartographiques héritières des
antiques orbis terrarum ou mappaemundi, ont montré le succès important qu’elles ont
rencontré à partir du XII e siècle. Abordées traditionnellement au travers de leur
dimension symbolique et anagogique, au sein de monographies 357 , le genre de la
mappemonde a également fait l’objet de réinterprétations politiques, en particulier pour
ce qui concerne les représentations anglaises du XIII e siècle 358 . La représentation d’une
mappemonde dans l’espace de réception et d’apparat qu’était la chambre du roi à
Westminster, avait pour première vocation de rappeler les prétentions territoriales du
souverain anglais, en tant que monarque chrétien sur la terre sainte (en délivrant
Jérusalem), mais aussi et surtout sur les îles et sur le continent. Henri III était, en effet,
lié par le serment de son couronnement, à l’engagement ne pas aliéner les droits et les
possessions de la Couronne et à recouvrir ce qui avait été perdu depuis 1204, une clause
probablement instaurée en 1216 359 . Il continua d’ailleurs à porter les titres de dux
Normannorum et comes Andegavorum, jusqu’au traité de Paris (1259) 360 . Dans quelle
mesure également, la réalisation de cette mappemonde ne s’insère-t-elle pas dans
l’arsenal idéologique de la royauté forgé autour de la figure arthurienne ? Cette
idéologie repose en effet sur le concept d’une « monarchie de toute l’île » (totius insuale
monarchia) qu’aurait détenue le roi Arthur, et qui justifiait ainsi toutes les tentatives
d’unification et de centralisation de la Grande Bretagne menées par les souverains
anglais au Moyen Âge 361 . La mappemonde de Westminster, « puissante illustration de
357 HARVEY, P. D. A., The Hereford World Map : Medieval World Maps and Their Context, 2006;
HARVEY, P. D. A., Mappa Mundi : the Hereford World Map, 2002; WESTREM, S. D., The Hereford
map : a transcription and translation of the legends with commentary, 2001; HARVEY, P. D. A.,
« Matthew Paris's Maps of Britain », dans Thirteenth-century England, 1992, p. 109-121; MOIR, A. L.,
The world map in Hereford cathedral : and the pictures in the Hereford Mappa Mundi, 1971; PELHAM,
R. A., « The Gough Map », The Geographical Journal, 81: 1 (1933), p. 34-39; GILSON, J. P., Four maps
of Great Britain designed by Matthew Paris about 1250. Reproduced from three manuscripts in the
British Museum and one at Corpus Christi College, Cambridge, 1928; LETTS, M., « The Pictures in the
Hereford Mappa Mundi », Notes and Queries, 200 : 1 (1955), p. 2-6.
358 BIRKHOLZ, D., The King's Two Maps : Cartography and Culture in Thirteenth-Century England,
2004.
359 KANTOROWICZ, E. H., Les deux corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen âge, 2000
[1957], p. 887.
360 VALE, M. G. A., The Angevin legacy and the Hundred Years War, 1250-1340, 1990.
361 BIRKHOLZ, D., The king's two maps : cartography and culture in thirteenth-century England, 2004
cite VERMETTE, R., « Terrae Incantatae: The Symbolic Geography of Twelfth-Century Arthurian
Romance », dans Geography and literature : a meeting of the disciplines, 1987, p. 145-160.
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