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nulle part ailleurs, sont la destruction des châteaux adultérins et la restauration des terres<br />

à leurs détenteurs légaux, c'est-à-dire ceux du temps d’Henri I er . Selon Sir James Holt, il<br />

est assez aisé de comprendre pourquoi ces deux aspects ont été omis de la charte rédigée<br />

à Westminster : à cette date, déclarer la destruction des châteaux illégaux serait apparu<br />

comme une provocation puisqu’une telle décision était pratiquement irréalisable 39 .<br />

Si, dès 1153, Henri II avait saisi Wallingford, aux dépens de Brian FitzCount, et<br />

obtenu la restitution de Devizes de l’évêque Joscelin de Salisbury 40 , c’est surtout après<br />

son accession au trône qu’Henri II prend à cœur de « faire disparaître d’Angleterre,<br />

toutes ces méchantes petites fortifications » 41 . À la fin du règne d’Étienne, de nombreux<br />

« nouveaux » châteaux s’étaient en effet érigés illégalement. Charles Coulson a montré<br />

que l’adéquation entre châteaux non licenciés et châteaux « adultérins » fut largement<br />

une construction de l’historiographie victorienne, qui a repris à son compte cette<br />

expression alors qu’il s’agissait manifestement d’un terme polémique inventé par l’abbé<br />

Suger ou par Orderic Vital lorsqu’il écrit sur la Normandie après 1087, et utilisé par<br />

d’autres auteurs monastiques évoquant les troubles de la minorité du duc Guillaume<br />

(1035-1047) et du règne de Robert Courteheuse (1087-1106) 42 . L’historiographie<br />

victorienne contribua ainsi à faire des « châteaux adultérins » une expression<br />

proprement « stéphanique », véhiculant la vision cléricale du règne d’Étienne de Blois<br />

comme « anarchie », alors que les auteurs du XI e et du XII e siècles utilisèrent<br />

l’expression pour critiquer les châteaux construits illégalement depuis la fin du XI e<br />

39<br />

HOLT, J. C., « 1153: the treaty <strong>of</strong> Winchester », dans The Anarchy <strong>of</strong> King Stephen’s Reign, 1994, p.<br />

291-316.<br />

40<br />

Regesta Regum Anglo-Normannorum, 1066-1154. III. Regesta Regis Stephani ac Mathildis<br />

Imperatricis ac Gaufridi et Henrici Ducum Normannorum, 1135-1154, 1968, n°796.<br />

41<br />

GERVAIS DE CANTORBERY, The Historical Works, 1965 [1880] I, p. 157, 160: ubi<br />

(Bermondey) cum principbus suis de statu regni et pace reformanda tractans, proposuit (…)<br />

munitiunculas pessimas per totam Angliam solo tenus dissipare.<br />

42<br />

COULSON, C. A., « <strong>Free</strong>dom to crenellate by licence: an historiographical revision », Nottingham<br />

Medieval Studies, 38 (1994), p. 86-137 ; COULSON, C. A., « The castles <strong>of</strong> the Anarchy », dans The<br />

Anarchy <strong>of</strong> the King Stephen’s Reign, 1994, p. 67-92 ; AUBENAS, R. J., « Les châteaux forts des X e et<br />

XI e siècles. Contribution à l'étude des origines de la féodalité », Revue historique de droit français et<br />

étranger, 17 (1938), p. 548-586 qui prétend que le terme n’existe que chez Suger, parfois dans une<br />

variante castrum seleratum, et dans ORDERIC VITAL, The Ecclesiastical History, 1986, VI, p. 98-99<br />

(livre XI, c.23) : Henricus siquidem rex omnes inimicos suos oputliante deo humiliavit ac adulterina<br />

castella quae Rodbertus vel seditiosi considerant prostravit (Ainsi le roi Henri [I er ] avec l’aide de Dieu<br />

écrasa tous ses ennemis et détruisit les châteaux adulterins que Robert et les seigneurs séditieux avaient<br />

construits) ; mais Charles Coulson indique également des occurrences dans GUILLAUME DE<br />

JUMIEGES, Gesta Normannorum Ducum, 1914, p. 115-116, 123 ; FOREVILLE, R., Guillaume de<br />

Jumièges et Guillaume de Poitiers, 1952, p. 14-20. Elle apparaît également dans la clause 47 de Magna<br />

Carta de 1217. C’est alors son premier usage <strong>of</strong>ficiel (voir infra).<br />

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