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destruction des forteresses de Pierre et Jean Bertin autour de La Rochelle, que les
bourgeois considéraient comme dangereuses 114 .
1.3.2- Rébellions et répression en Angleterre de 1204 à la Magna Carta
La plupart des confiscations et des destructions en Angleterre ont lieu entre 1208
et 1214 c'est-à-dire pendant la période de l’Interdit, au cours de laquelle Jean confisqua
de nombreux châteaux épiscopaux notamment Bishop’s Strotford, Baynard’s Castle et
Wisbech 115 . En 1208, la disgrâce de Guillaume de Briouze ramena dans les domaines de
la Couronne près d’une vingtaine de châteaux dans les marches galloises mais aussi en
Irlande et dans les rapes du Sussex (Bamber). Au-delà de toutes les interprétations pour
comprendre l’acharnement de Jean contre la famille des Briouze, ces confiscations ont
été légalement justifiées par une procédure de recouvrement de dette que Jean lança
contre Guillaume III qui ne s’était toujours pas acquitté des 5000 marcs qu’il devait au
roi depuis 1201 pour la seigneurie de Limerick. Brock W. Holden fait remarquer que
l’inclusion de ce document à la fois dans le Red Book et le Black Book de l’Échiquier
constitue sans doute une manière de créer un précédent « par excellence »,
« conformément aux coutumes du royaume et aux lois de l’Échiquier » (secundum
consuetudinem regni et per legem scaccarii) pour justifier à l’avenir les confiscations
des châteaux et honneurs des barons anglais 116 . Dès lors, les confiscations cessent d’être
exclusivement liées à la reddibilité des châteaux et à la fidélité des vassaux pour devenir
un instrument légal de coercition de la puissance royale. Cette pratique contribua en
outre à étendre le pouvoir territorial du roi puisqu’à la mort de Guillaume à Paris en
1211, Jean conserva ses possessions – sa femme Maud et son fils étant mort de faim
dans les prisons royales de Windsor.
La destruction de la famille des Briouze laissa un sentiment d’amertume chez les
barons anglais. Durant l’été 1212, alors que les préparatifs pour une nouvelle campagne
en Poitou s’achèvent, Jean apprend qu’une rébellion se prépare chez les Northerners,
ces grands barons des comtés du nord de l’Angleterre, menée par Eustace de Vesci et
114 Rot. Lit. Pat., p. 58. Mandamus vobis quod sine dilatione prosterni faciatis omnes fortes domos Petri
Bertini et Johannis Bertini et aliorum quem sunt prope Rupellam quam fuerunt ad nocumentum eiusdem
ville de Rupella.
115 BROWN, R. A., « A list of castles, 1154-1216 », E.H.R., 74: 291 (1959), p. 249-280 ; COULSON, C.
A., « Fortress-Policy in Capetian tradition and Angevin Practice. Aspect of the conquest of Normandy by
Philip II », dans A.N.S., 1983, p. 13-38.
116 HOLDEN, B. W., « King John, the Braoses, and the Celtic Fringe, 1207-1216 », Albion: A Quarterly
Journal Concerned with British Studies, 33: 1 (2001), p. 1-23, esp. p. 8 note 37: cite Foedera, I, p. 108
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