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vicomtes de Limoges. Il y manifesta alors un intérêt pour la vie du saint qui a été
interprété comme une manière d’affaiblir la domination des vicomtes sur ce culte en le
plaçant dans le giron de la dévotion royale 387 . La présence d’Henri II à Saint-Yriex
pourrait également avoir été motivée par sa volonté de participer à la cérémonie de pose
de la première pierre de la collégiale et, selon Claude Andrault-Schmitt, le choix d’un
voûtement de type « angevin » dans le parti prix architectural peut être interprété
comme la marque de son influence 388 .
La plus importante opération d’Henri II en Limousin reste cependant
l’acquisition du comté de La Marche en décembre 1177. À cette date, Henri II acheta
toutes ses terres au comte Aldebert IV de La Marche. Cet événement a frappé les esprits
des contemporains qui s’en sont faits l’écho. Les motivations réelles du comte sont
assez floues, mais la mort de son fils héritier le laissant sans descendance et
l’accomplissement du vœu de « servir dieu désormais » qui l’amène à partir pour
Jérusalem, sont les principales raisons rapportées par Roger de Hoveden et Geoffroy de
Vigeois 389 . En réalité, le comte n’était pas si dépourvu de parenté et les pressions
exercées par Henri II ont sans doute été plus décisives encore 390 .
Le roi fit venir le comte en Angleterre et il voulut garder prisonnier à
cause des nombreuses vexations qu’il subissait des barons poitevins et
aussi parce qu’il voulait lui faire exécuter la vente. Mais le comte
parvint à s’enfuir en secret. 391
La force des moyens de pression exercée peut également se déceler dans le
rapport que Robert de Torigni fait de ces événements : alors qu’Henri II acquit le comté
de La Marche pour seulement 6000 marcs, (5000 selon Geoffroy du Vigeois et Roger de
Hoveden qui ajoute également 20 mules et 20 palefreniers) 392 , l’abbé du Mont révèle
que le roi savait qu’il en valait plus de 20 000, mais cette somme était sans doute
387
VINCENT, N., « The pilgrimage of the Angevin kings of England 1154-1272 », dans Pilgrimage. The
English experience from Becket to Bunyan, 2002, p. 12-45, cite ARBELLOT, F., Vie de Saint Yrieix ses
miracles et son culte, 1900 et Geoffroy de Vigeois dans RHF, XII, p. 448, XVIII, p. 212, 219.
388
ANDRAULT-SCHMITT, C., « Le mécénat architectural en question: les chantiers de Saint-Yrieix,
Grandmont et le Pin à l'époque de Henri II », dans La cour Plantagenêt, 1154-1204, 2000, p. 235-279.
389
GEOFFROY DE VIGEOIS, Chronique précédée d’une étude sur la chronique de Geoffroy, 1864 ; il
meurt à Constantinople en 1180.
390
BARRIÈRE, B., « Le comté de la Marche, une pièce originale de l’héritage Lusignan », dans Limousin
médiéval. Le temps des créations. Occupation du sol, monde laïc, espace cistercien. Recueil d’articles,
2006, p. 379-388.
391
Chroniques de Saint-Martial de Limoges, DUPLÈS-AGIER, Henri (éd.), p.189 : de isto comite
dicebatur quod rex mandaverat ispum in Angliam et cum capere vellet eum, secrete et latenter fugiit, nam
ostenderat sibi penas quibus vexabat barones Pictavenses et propter hoc fecerat vendicionem.
392
GEOFFROY DE VIGEOIS, Chronique précédée d’une étude sur la chronique de Geoffroy, 1864
p.134 ; HOVEDEN, II, p. 147.
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