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d’être habitée par les plus grands princes… 276
Ces vestiges ont également été décrits par Brossard de Ruville au milieu du
XIX e siècle avant que la maison actuelle ne soit édifiée vers 1900 277 . S’il s’agissait
initialement de fortifier le manoir épiscopal, sa transformation en véritable palais extra-
castrum s’est sans doute rapidement imposée, pour les besoins de la cour : plus facile
d’accès, la demeure de l’île était aussi sans doute plus fonctionnelle et plus confortable
pour accueillir le roi et son administration. C’est d’ailleurs là que Richard tenait ses
audiences et que nombre de ses actes ont été passés 278 .
La dissociation entre le château et la résidence ducale se retrouve également à
Bordeaux, où la tour de l’Arbalesteyre, construite à la fin du XI e siècle, avait une
fonction plus fiscale et ostentatoire que militaire, tandis que le palais de l’Ombrière qui
la jouxtait servait de résidence ducale 279 . Si l’on en croit l’Enquête des Padouens de
Bordeaux de 1262, des travaux de fortification auraient été entrepris place de
l’Ombrière, à la mort de Richard 280 . Ces travaux s’inscrivent dans la transformation de
ces résidences de villégiatures, soit en de véritables maisons fortes soit en complexe
palatial rassemblant les pôles domestiques, religieux et politiques. Il n’est pas rare
également que les Plantagenêt aient choisi pour installer leurs résidences des monastères
qu’ils ont cherché à placer sous leur patronage.
Les demeures attachées aux monastères royaux
Les monastères étaient considérés comme des étapes importantes des itinéraires
princiers, dans la mesure où ils constituaient des bases économiques stables pour
276
RIGORD et GUILLAUME LE BRETON, Oeuvres, 1882-1885, II, livre 7, v. 29-42 : est locus Andelii
qui nunc habet insula nomen…/Hunc rex Ricardus turri muniverat olim,/ Et circumdederat vallis et
menibus altis,/ Edificans intrus penetralia regia, dignos/ Principibus summis habitari rite penates.
277
BROSSARD DE RUVILLE, J. L., Histoire de la ville des Andelis et de ses dépendances, 1863-1864 :
« Il présentait un plan irrégulier, quoique affectant la forme circulaire et divisé en pans coupés, renflés à
la base, d’inégale largeur. Le nombre des pans est de 22, ils ont en épaisseur 1,60 m, leur revêtement est
de petit appareil. Ils ont perdu leur couronnement, présumé avoir été une suite de créneaux. Sauf sur un
point, qui est la partie extrême de l’habitation actuelle, il n’y a pas d’apparence que l’enceinte ait été
flanquée de tours. On distingue encore facilement les parties qui servaient de points d’appui aux ponts de
bois reliant l’île aux rives du fleuve par une diagonale. On peut en dire autant du fossé qui entourait la
forteresse », cité dans PITTE, D.; FOURNY-DARGÈRE, S. et CALDÉRONI, P. (eds.), Château-
Gaillard: découverte d'un patrimoine. catalogue d'exposition, 1995.
278
GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 302-304.
279
BOUTOULLE, F., Le duc et la société : pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au
XIIe siècle, 2007, p. 60.
280
BOUTOULLE, F., « Enceintes, tours, palais et castrum à Bordeaux, du XIe siècle au début du XIIIe
siècle, d'après les textes », Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, 94 (2003),
p. 59-77, cite BARCKHAUSEN, H. (éd.), Livre des coutumes, 1890, p. 368 : Quant lo rey Richard murit
lo mager d’esta vila sarret de pau et de treu la plassa de l’Ombreyra.
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