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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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effort » (Foucault, 2001, p.213).<br />

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE<br />

Mais ce chemin sur soi est également éthique parce qu’il suppose la présence<br />

d’un tiers. Chez <strong>les</strong> Grecs, ce tiers c’est le philosophe, celui que l’on admire et que<br />

l’on cherche à imiter, tandis que chez Sénèque, c’est le Maître, l’exemple et le gui<strong>de</strong><br />

(p.130). L’être humain ne saurait être pleinement indépendant, ni accé<strong>de</strong>r seul à la<br />

connaissance <strong>de</strong> soi. Il est traversé par la présence <strong>de</strong> l’Autre à qui l’on se mesure,<br />

que l’on suit, que l’on admire et conteste.<br />

Il ne s’agit pas d’un repli sur soi qui opèrerait une coupure du mon<strong>de</strong> mais<br />

d’une préparation à son action <strong>de</strong> sujet <strong>dans</strong> le mon<strong>de</strong>.<br />

La nécessité du souci <strong>de</strong> soi est directement liée, chez <strong>les</strong> Grecs, à la volonté<br />

d’exercer le pouvoir. Or, le soignant n’exerce-t-il pas aussi un pouvoir, même si c’est<br />

parfois malgré lui, ou s’il n’en est pas toujours conscient ? Prendre soin <strong>de</strong> l’Autre,<br />

c’est aussi exercer une forme <strong>de</strong> pouvoir sur sa personne. Dans la dimension<br />

relationnelle, où s’entremêlent <strong>les</strong> émotions, <strong>les</strong> phénomènes psychologiques et<br />

psychiques, peut-on réellement venir en ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> manière efficace, lorsqu’on n’a pas<br />

au préalable effectué un cheminement personnel <strong>dans</strong> ce sens ? Comment ai<strong>de</strong>r le<br />

patient à se « retrouver » si l’on ne connaît pas le chemin déjà pour soi-même ?<br />

Interrogation que Ricœur éluci<strong>de</strong> <strong>dans</strong> soi-même comme un autre (1990). Le souci <strong>de</strong><br />

soi constitue donc une invitation à <strong>de</strong>venir pleinement sujet responsable <strong>de</strong> ses actes.<br />

Il apparaît comme « un principe constitutif <strong>de</strong> nos actions, et par là -même<br />

comme un principe limitatif » (Foucault, 2001, p.518).<br />

L’éthique va donc bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’application simple <strong>de</strong> principes, mais<br />

constitue réellement une mise en questionnement, une démarche inductive, <strong>dans</strong> le<br />

but d’ai<strong>de</strong>r à se penser, pour <strong>de</strong>venir ensuite capable <strong>de</strong> penser une situation et <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>venir un gui<strong>de</strong> pour d’autres. Dans sa pratique, le soignant va pouvoir gui<strong>de</strong>r <strong>les</strong><br />

différents partenaires <strong>dans</strong> leur façon <strong>de</strong> réfléchir le soin, <strong>dans</strong> la recherche<br />

d’alternatives, <strong>dans</strong> l’acquisition d’une plus gran<strong>de</strong> autonomie et l’expression<br />

renouvelée <strong>de</strong> leur humanité. Le soignant n’a pas le droit <strong>de</strong> juger, en revanche le<br />

questionnement lui appartient et, pour cela, il se réfère à une éthique. Cela se joue<br />

certes sur <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s questions <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il y a nécessité <strong>de</strong> prendre position,<br />

mais cela se joue également au quotidien, <strong>dans</strong> l’expression la plus élémentaire <strong>de</strong> la<br />

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