30.06.2013 Views

L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES<br />

Or il est vrai que le sens peut se perdre. Ainsi plusieurs personnes évoquent la<br />

routine comme une source potentielle <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> sens : « …c’est vrai qu’au début<br />

le sens on l’a, pis au bout d’un moment on le perd quoi, parce qu’à force <strong>de</strong><br />

faire toujours la même chose, on sait même plus pourquoi on fait ça, on le fait<br />

et pis c’est tout… (E2) ». Dans le travail routinier, une forme d’automatisation est<br />

apparentée au travail à la chaîne, également jugée comme particulièrement<br />

délétère au niveau du sens (E16, P6).<br />

C’est néanmoins le sens qui permet <strong>de</strong> tenir sur la durée et « …el<strong>les</strong> (<strong>les</strong><br />

infirmières) ne perdureraient pas si el<strong>les</strong> ne venaient que pour le salaire<br />

(P5) », car ces soignantes se seraient trompées <strong>de</strong> sens et celui-ci serait alors<br />

« déplacé (E1) ».<br />

Malheureusement, l’organisation <strong>de</strong>s <strong>soins</strong>, qui tend à se rapprocher d’un<br />

modèle fordiste <strong>de</strong> parcellarisation <strong>de</strong>s tâches visant l’efficience, porte une atteinte<br />

certaine au sens que <strong>les</strong> professionnels <strong>de</strong>s <strong>soins</strong> voient <strong>dans</strong> leur métier. En effet,<br />

ceux-ci évoquent par exemple la prise en charge globale comme particulièrement<br />

génératrice <strong>de</strong> sens (E16, E 14, E 22, T9…). Or celle-ci n’est plus tellement compatible<br />

avec <strong>les</strong> nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion. Il en va <strong>de</strong> même pour le rôle propre <strong>de</strong><br />

l’infirmière. Celui-ci est porteur <strong>de</strong> motivation et <strong>de</strong> sens parce qu’il implique le<br />

soignant, par sa réflexion et son savoir, <strong>dans</strong> une action délibérée et efficace auprès<br />

du patient (E22). Le rôle du soignant tend néanmoins à être balayé au profit d’un rôle<br />

d’exécutant nettement moins constructif, comme en témoigne cette professionnelle<br />

victime d’un burnout en lien avec ce processus <strong>de</strong> désincarnation du rôle infirmier :<br />

«… j’en étais plus qu’à <strong>de</strong>voir exécuter <strong>de</strong>s directives et puis c’est tout. On<br />

me <strong>de</strong>mandait plus <strong>de</strong> réfléchir et puis d’avoir un tantinet <strong>de</strong> réflexion et<br />

d’autonomie. C’était applique, applique, applique, même si c’est stupi<strong>de</strong>,<br />

applique (P10) ».<br />

Si l’on se souvient <strong>de</strong>s motivations premières évoquées par <strong>les</strong> soignants et <strong>de</strong><br />

leur centration sur le bien-être du patient, ainsi que du sentiment d’utilité à leur<br />

égard, on peut aisément comprendre que ce qui y porte atteinte soit vécu<br />

difficilement. En effet, « donner du plaisir aux gens, se sentir utile (E25) »,<br />

« apporter quelque chose au patient » (combiné au fait <strong>de</strong> se sentir utile, à<br />

346

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!