L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
Aider l’étudiante à se développer dans ce processus est une tâche complexe
dans la mesure où elle entraîne une évolution des compétences certes, mais a
également des répercussions sur le plan cognitif, affectif et identitaire (Wittorski,
2007, p.106). L’évolution de l’individu se réalise au travers de la confrontation à des
mondes différents, porteurs de valeurs, d’intérêts et d’objectifs également différents.
La formation en école mais aussi la confrontation à la réalité pratique vont avoir des
répercussions sur l’évolution de ses savoirs, de ses connaissances, mais également
sur la manière dont il va se percevoir dans ses capacités professionnelles et dans ses
aptitudes personnelles. L’action éducative, qu’elle soit d’orientation plus théorique
ou plus pratique, se distingue par une finalité profondément émancipatrice. L’impact
sur l’image de soi, et au-delà sur l’estime de soi, n’est de loin pas négligeable. Et
enfin, l’évolution se fera également sur le plan de son identité, dans la manière dont
l’étudiante perçoit son rôle professionnel avec des répercussions sur son identité
personnelle et la place qu’elle s’accorde dans ce rôle.
Sur un plan éthique, la professionnalisation a un impact non négligeable sur la
manière dont la personne va considérer son rôle et l’engagement professionnel qui
en découle, de même qu’une large influence sur la manière dont elle va décider de
l’investir ou non, de le développer ou pas. En même temps que se développe, chez
l’étudiante, une construction progressive d’un positionnement professionnel, celle-ci
vit des tensions inhérentes aux évolutions qu’elle traverse dans son développement.
Et Jorro (2010) souligne l’absence d’une approche praxéologique qui permettrait de
percevoir ces évolutions et d’en tenir compte dans l’accompagnement des étudiantes.
Une des difficultés tient sans doute à l’organisation duale de la formation. En
effet, la formation est organisée selon le principe de l’alternance, c’est-à-dire sur la
base de l’interaction entre l’école et les différents lieux de stage du système sanitaire
et social. Elle se situe à l’interface entre la logique d’action et la logique de formation
et permet de trouver les « compromis pratique-théorie ». Elle va permettre à
l’étudiante de s’approprier les différents éléments qui vont l’aider à construire
progressivement sa compétence de futur soignante. Les connaissances
méthodologiques ne prennent sens que dans une implémentation dans l’action,
générant la prise de décisions adéquates, permettant l’anticipation d’éventuelles
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