L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE
La satisfaction éprouvée par le soignant est d’autant plus grande que le soin de
l’Autre produit du sens pour son existence. Il est fréquent de retrouver cette
association du « prendre soin » et du sens pour sa propre existence auprès des
bénévoles de différentes associations. À tel point que, selon Bobineau (2010a), si l’on
comprend le sens, il est possible de comprendre l’engagement et inversement
puisque, au travers de l’engagement, le sens de l’existence s’incarne dans la
réconciliation entre l’individuel et l’universel (Savadogo, 2008).
Cette dimension peut même se confondre avec un besoin « d’auto-réparation ».
Différentes recherches montrent qu’un certain pourcentage d’étudiantes en soins
infirmiers sont elles-mêmes en souffrance et cherchent, par le biais de leur profession,
à trouver des réponses à leur souffrance. Nombreuses sont les personnes dont le vécu
a laissé des blessures ouvertes ou les a fait se situer en lisière de la « normalité »
sociétale. Devenues très souvent la proie de processus de dévalorisation,
l’engagement leur permet alors de se « re-construire » (Bobineau, 2010a, p.112), de
restaurer une identité blessée (Havard-Duclos & Nicourd, 2005).
Cette question du sens peut avoir encore d’autres origines. Elle peut répondre à
un besoin de reconnaissance exacerbé par un contexte de dissolution des liens, ou
par la logique actuelle de compétition et de performance. Le sens obtenu pour son
existence et la faculté d’émanciper celle-ci sont des plus-values importantes pour
l’individu. L’objectif ultime, le telos n’est alors autre que la possibilité de vivre en
société et en co-construction avec ses semblables. De ce fait, on peut dire que
l’« engagement est vecteur de socialisation » (Bobineau, 2010a, p.125) ; il est
« fondateur, parce que créateur de la vie en société » (Ibid., p.139).
Le sens est à la fois une direction que l’on prend et une signification que l’on
donne à un acte en société. Selon Bobineau (2010a, p.142), il renferme quatre
significations qui sont :
1. le bien commun compris comme étant le rapport à des valeurs universelles
et un bien égal pour tous les hommes ;
2. l’intérêt général, représentant le bonheur du plus grand nombre dans
continuité de la pensée de Bentham ;
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