L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
la prise de position, lorsqu’elle est portée par une seule personne, peut être beaucoup
plus anxiogène parce que plus risquée également : « …moi toute seule je me sens
très très petite et faible pour faire des combats de ce genre… (T12) ».
L’individu seul peut rapidement être déstabilisé (T12), tandis que le collectif résistera
plus longtemps. Parmi les personnes interrogées, très nombreuses sont celles qui ont
souligné l’importance du groupe dans la prise de position (E12, E14). Le système
tend à empêcher la construction du collectif, ne serait-ce que par l’ampleur de la
tâche imposée qui ne lui laisse que très peu de temps pour des échanges et des
réflexions qui soient réellement nourrissantes, porteuses de sens (E11, P1). Une
enseignante fait d’ailleurs remarquer que le système de formation n’est pas différent,
puisque l’école ne fait qu’appliquer les textes imposés par les décideurs, sans prendre
quelque position que ce soit. Une réflexion collective pourrait pourtant permettre la
recherche d’une plus grande cohérence (T5). Le collectif permet d’unir les forces pour
tendre vers un même objectif et le défendre (E14), avec à la clé de plus grandes
chances de succès (T4, P4) : « … les gens seraient plus forts en groupe, dans les
hôpitaux (P4) ». C’est aussi le groupe qui permet l’endurance, car sans soutien le
combat de longue haleine devient lourd et pesant : « … faut revenir, faut pas
lâcher, faut revenir, faut le redire autrement (T1) ». Sans un soutien d’équipe
l’individu s’épuise. Le risque de cet effritement des forces internes, c’est qu’il n’y ait
plus que l’alternative du départ (P1). Même si cette solution peut s’avérer judicieuse
lorsque tout changement s’avère impossible (T4), elle n’est cependant pas une
solution idéale, puisqu’elle signe quelque part le désaveu de la prise de position et
constitue une marche arrière par rapport à l’objectif visé (T4). Une praticienne
conclut qu’ « il faut être tenace » et œuvrer ensemble pour avoir plus de poids (P11).
En se positionnant l’individu s’engage (E1, E25), ce qui relève de sa
responsabilité de professionnel (E22). Cette responsabilité lui incombe de « faire
entendre sa voix (T11) » et de défendre son rôle professionnel (P10) face à
l’évolution du secteur de la santé déjà évoquée.
Dans cette perspective, un positionnement clair, argumenté et réfléchi constitue
une véritable pierre angulaire pour le développement d’un engagement efficace.
384