L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
dans l’indifférence une notion contraire à l’engagement, mais bien davantage un
autre degré d’engagement. Cela peut nous inviter à imaginer une posture plus ou
moins conscientisée d’indifférence, comme signe non pas d’un désintérêt, mais plutôt
comme attitude d’auto-protection à l’égard d’un univers de travail difficile, marqué
de plus en plus par la peur de l’erreur. Il s’agirait alors d’un refuge derrière un
masque pour se défendre d’un engagement qui tend à devenir nocif, voire pathogène.
Et c’est ce qu’affirment plusieurs enseignants, en expliquant l’indifférence comme
une forme d’emmurement dans des mécanismes de défense inconscients, mais
salvateurs pour le soignant. Ces mécanismes peuvent toutefois s’avérer
dommageables pour le patient et plusieurs professionnels nous ont rendue attentive
aux dérives très proches de la maltraitance, dès lors que la distanciation opérée ne
permet plus de voir dans l’autrui une personne humaine à respecter. Ce phénomène
correspond parfaitement aux phases de cynisme et de dépersonnalisation mises en
évidence par Freudenberger, puis développées par Maslach lors de ses études sur le
burnout.
Outre l’enjeu personnel d’un équilibre entre devoir et convictions, en termes de
satisfaction ou d’épuisement, l’enjeu se révèle donc aussi crucial au niveau du soin.
D’ailleurs certains étudiants le lient très directement au fait de pouvoir être
réellement professionnel et le rester sur la durée.
21.4 De la posture professionnelle à l’identité de la
profession
Au travers du professionnel, c’est l’individu qui va être touché par ce qu’il vit,
dans son identité même. Celui-ci n’est pas, en effet, l’objet d’une dichotomie entre
une partie professionnelle et une partie personnelle. C’est bien l’entier de la personne
qui est impliquée et « l’épanouissement professionnel… va entraîner un
épanouissement… personnel (P6) ».
La personne peut d’autant mieux s’épanouir qu’elle se sent reconnue. En faisant
valoir la profession, c’est aussi à sa reconnaissance que l’on œuvre, ainsi qu’à la
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