L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
éthicien…) pour tenter une réflexion commune autour de situations dans lesquelles
les enjeux sont parfois extrêmement divergents et délicats.
Dans notre pratique d’enseignement auprès des personnes en cours postgrade
de soins palliatifs, nous nous heurtons à un problème récurrent : la difficulté de ces
soignants à entrer dans des réflexions éthiques argumentées. Leurs argumentations
émanent le plus souvent d’un discours assez superficiel de l’ordre de l’opinion,
chargé d’émotions et d’affirmations a priori. Il ne s’agit pas d’un argumentaire
approfondi et structuré. Poletti (1978) fait remarquer que l’évolution de la notion de
métier à celle de profession, pour le corps soignant, nécessite immanquablement
l’élaboration de cadres conceptuels et d’une théorie solidement fondée. Or il en est de
même en ce qui concerne la multiplication des sujets de discussions éthiques et leur
prise de conscience. La diversité des sources et la multiplication des écrits nécessitent
un entraînement à la recherche d’informations ciblées, ainsi qu’une formation toute
particulière à l’argumentaire construit et au débat. La décision qui sera prise en fin
de course doit faire référence à un ensemble de savoirs, savoir-faire et savoir-être,
élaborés dans une réponse plurielle, concrète, unique, puisque chaque cas éthique est
singulier. La démarche de réflexion éthique est plurifactorielle et la décision
consensuelle est donc une synthèse fragile, toujours réinterrogeable et souvent
attaquable, qui peut être une véritable mise en danger, d’où la nécessité absolue d’un
argumentaire fondé.
Par ailleurs, une délibération passée au crible est nécessaire pour permettre ce
que Blondeau appelle la « paix de la conscience », en opposition aux remords et à
la culpabilité (1999, p.56). Les comités d’éthique et leur réflexion pluridisciplinaire
dont l’origine est à rechercher vers l’éthique de Jürgen Habermas, ont pour objectif
d’examiner les différentes dimensions d’un dilemme éthique afin d’obtenir un
consensus sur la solution la moins mauvaise possible dans le cas présenté. Ces
comités se multiplient dans les grands centres hospitaliers et leur avis, certes
consultatif, revêt néanmoins une importance grandissante.
Les procédures utilisées pour élaborer le questionnement éthique sont
relativement identiques d’un comité à un autre. Coudray nous présente, à la Figure 1,
celui de l’association SEL « Santé Éthique et Libertés », dirigée par le Professeur
Léry à Lyon (Coudray, 1994) :
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