L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
sent parfois une forme de défaitisme devant une réalité que l’on considère comme
difficile, voire impossible à changer, et les jeunes ne sont pas épargnés par cette
tendance (P10). Les forces s’évanouissent alors face à un combat qui paraît perdu
d’avance (T12), tandis qu’il faudrait renforcer le lobbying infirmier et « montrer à
quel point on (les infirmières) est pas remplaçables (T12) ».
Mais il est difficile de jeter la pierre aux infirmières dans leur manque de
positionnement si l’on pense à la pénibilité de leur tâche et à la fatigue chronique qui
touche celles qui exercent à un fort pourcentage (T4). Les réflexions sur le sens et
l’engagement nous avaient conduite à souligner que la perte de sens dans l’activité
constituait une atteinte et une mise en danger de l’identité professionnelle (P2). Or ce
sens est aussi de plus en plus mis à mal selon les contextes de travail et les modes de
gestion utilisés : «Elles peuvent plus donner du sens à ce qu’il leur est demandé
de faire. En fait, dans le sens qu’il leur est demandé de faire, il y a une perte
de cette identité professionnelle à laquelle elles croyaient et qu’elles
souhaitaient, elles, pour elles (P2) ». La coupe drastique dans le temps que
l’infirmière peut accorder à la relation au patient (P10, P11), de même que la revue à
la baisse de la qualité des soins, constituent des atteintes indéniables au sens même
de son activité (P11). Ne pouvant plus se reconnaître dans sa conception du soin, son
identité professionnelle s’en voit affectée.
De fait, l’affirmation identitaire se vit différemment d’une institution à une
autre, d’un contexte de soin à un autre (E15). Les infirmières des soins à domicile par
exemple, contexte qui leur permet de conserver une marge d’autonomie un peu plus
importante pour le moment encore, se sentent moins lésées et moins affectées dans
leur identité (P9).
Mais le malaise est là et un étudiant clame haut et fort : « c’est à nous de
changer les choses (E18) », en appelant ainsi à la responsabilité de chaque soignant.
Cela suppose néanmoins que tous soient acquis à la même cause et puissent œuvrer
dans le même sens, en se faisant confiance. Ainsi, une enseignante déplore la
tendance très fréquente des soignants à dénigrer leurs propres compétences, en
sollicitant par exemple des professionnels issus d’autres domaines comme conseillers
ou même comme ascendants hiérarchiques (T4). La formation joue ici un rôle capital
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