L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
précédemment. La question serait donc à présent de savoir quel est l’entre-deux qui
permet un engagement constructif, épanouissant et sain à plus long terme.
19.3.2 De la responsabilité
D’emblée, le lien entre responsabilité et éthique est établi, l’éthique trouvant son
expression dans la mise en œuvre ou non de cette responsabilité au cœur de
l’exercice professionnel du soignant (E9). C’est en effet en regard de cette
responsabilité ressentie à l’égard du patient et de la tâche qui lui est confiée que
l’engagement prend vie. Ce dernier doit trouver sa raison d’être dans la
responsabilité et non en rapport avec une position hiérarchique, par exemple (P9).
Orientée vers les soins, la responsabilité recèle des trésors en son sein et joue un
rôle de catalyseur qui libère tout un champ de compétences (T15).
Toutefois d’autre propos viennent temporiser cet effet positif de la
responsabilité. Les conditions de travail actuelles, de même que les pressions qui
s’exercent sur les professionnels, conduisent ces derniers à prendre toujours plus de
responsabilités, voire parfois des décisions relevant du registre médical (E11). Or la
finalité de cette prise de responsabilités qui pèse sur les épaules des soignants (E22)
se trouve être une personne humaine, ce qui engage considérablement les
professionnels : « je me rends compte du rôle qu’on a dans la vie d’un patient
(E16) ».
Et nous retrouvons ici, nommée à plusieurs reprises, la peur de l’erreur comme
un leitmotiv exprimant les limites d’une responsabilité trop importante en regard des
ressources disponibles (P2). « L’erreur est vite arrivée et pis elle peut avoir des
conséquences dramatiques sur quelqu’un (E19) ». Les pressions subies par les
professionnels, que ce soit par une charge de travail accrue, par des dotations en
personnel réduites, par la complexification des situations de soins ou encore par
l’augmentation de la charge administrative, s’inscrivent dans des responsabilités
parfois excessives. Celles-ci engendrent une réelle peur de l’erreur et, de ce fait,
induisent des comportements individualistes contraires à cette profession basée sur
l’échange et l’entraide, comme l’explique ce professionnel : «… chacun veut, quand
il y a un souci, reporter la responsabilité sur l’autre… là on arrive sur un
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