L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
Les soignants sont appelés à être sujets de leur existence et non objets des
circonstances (Malherbe, 2001). En jetant un « pavé dans la mare », Nadot (2012)
rappelle les infirmières à cette responsabilité qui est la leur. La responsabilité est
quasi consubstantielle de l’humanité du soignant. Cette hésitation à défendre leur
profession, à affirmer un rôle, et ce manque de courage pour développer des
connaissances en les ordonnant en un corpus qui fasse sens, nuisent à l’identité des
infirmières et à leur pouvoir d’action en faveur de cette humanité menacée, alors
même qu’elles détiennent, et certaines en sont conscientes (T12), un véritable pouvoir
au cœur même de la société.
La crise hospitalière actuelle constitue le moment favorable, pour les
infirmiers et infirmières, de s’unir et de favoriser un esprit de corps autour de
normes et de valeurs communes, de réflexions sur les leçons à tirer de l’héritage
historique, de compréhensions du soin et de l’altérité, et de la revalorisation d’une
dynamique collaborative autour de consensus vers une identité partagée. Face aux
tumultes qui agitent le secteur de la santé et la société dans son ensemble, les
infirmières sont appelées à s’unir et à faire valoir leur profession, en renforçant les
liens du collectif.
Au-delà de la simple défense de leur identité professionnelle, les soignants
jouent de plus en plus un rôle d’avocats auprès des patients (Tschudin, 2003). Peut-
être faut-il penser l’engagement plus précisément sous l’angle de la relation du
soignant à la personne, plutôt que de sa relation au soin. Cela revient à mettre
l’humain au centre.
Et nous parvenons ici au troisième niveau de l’engagement éthique, un
niveau macro qui concerne finalement la société dans son ensemble.
La question de l’engagement n’est pas une option. Durant la formation, les étudiants
doivent être sensibilisés à cette notion, pas seulement en tant qu’engagement dans
leur activité quotidienne, mais engagement d’une portée beaucoup plus vaste, à un
niveau sociétal. Car l’enjeu de cet engagement, s’il se situe à plusieurs niveaux, n’est
toutefois pas tant la défense d’une profession que dans la défense d’un humain qui
tend, de plus en plus, à être réduit à sa version la plus fonctionnelle, par un système
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