L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
19.5.4 De l’importance de la verbalisation
Le thème de la verbalisation revient comme l’un des principaux leitmotivs de
ces entretiens.
Sans doute, la nature même de la profession, qui se veut par définition une
profession basée sur l’échange et le travail en complémentarité, contribue-t-elle à ce
besoin explicite de s’exprimer. Que l’on évoque des pratiques professionnelles sans
problèmes majeurs ou, au contraire, des pratiques générant des souffrances et un
mal-être, le thème de la communication reste central.
Dans les situations délicates, la verbalisation aide à la distanciation (E7), à
« vider la marmite au fur et à mesure (P1) », mais aussi à la prise de conscience
de ses propres limites (E9). À la manière d’un rétroviseur, elle dispose d’une fonction
réfléchissante, tant sur la situation du patient que sur son propre investissement.
L’individu trouve des ressources au travers de la réflexion et de la rationalisation, et
là il est important que chaque personne soit placée sur un pied d’égalité, quelle que
soit sa fonction dans l’équipe (E22).
Si, en revanche, des conflits sont présents dans l’équipe, une sorte de censure
apparaît qui fait obstacle à la confiance et donc au partage (E13). Une étudiante fait
remarquer que dans ces équipes « la pression monte, elle monte… et c’est
souvent dans ces services-là qu’il y a le plus de burnout (E13) ». La
verbalisation jouerait donc un rôle de soupape, permettant au soignant ni d’exploser,
ni d’imploser. Une étudiante parle de son expérience en milieu psychiatrique, en
expliquant la régularité des discussions d’équipes, discussions parfois animées, voire
conflictuelles, mais où les gens « se disaient les choses et puis après c’était réglé
(E17)». Elle fait la comparaison avec un second stage en home, où ces moments-là
n’existaient pas et où l’impact négatif de ce manque d’échange était clairement
perceptible au niveau de la dynamique d’équipe (E22). Et plusieurs personnes nous
confirment l’absence totale de colloque en home, hormis la remise du service le matin
de bonne heure (P7). Les politiques de management actuelles poussent à diminuer
ces temps considérés comme trop onéreux, alors qu’ils sont comme une petite
bouffée d’oxygène dont l’effet dure toute une journée (P9). Une praticienne
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