L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
À l’encontre du défaitisme, les soignants sont donc appelés à faire reconnaître
leur profession. Dans ce sens, nous retiendrons l’usage récurrent d’expressions en
lien avec l’idée de confrontation qui invitent les infirmières au combat, mais avec des
armes bien réfléchies, des savoirs argumentés et une posture axiologique intégrée à
une vision éthique de l’humain. Et nous rappellerons le mot d’ordre de cet étudiant
pour qui c’est une évidence : « c’est à nous de changer les choses (E18) », c’est la
responsabilité de chacun (P10) de ne pas devenir de simples exécutants, mais d’être
des locomotives qui « entraînent… dans leur sillage le reste de l’équipe (E4) »
et qui défendent à la fois les intérêts de la profession, mais aussi ceux de la société en
général. Cependant, pour jouer ce rôle de moteur, encore faut-il en voir le sens.
On peut difficilement nier l’impact des conditions de travail actuel, en
particulier en lien avec la crise économique et sociale que traverse le monde de la
santé, sur le processus personnel d’engagement et cette propension à jouer le rôle de
locomotive. Mais l’inscription de la profession dans une vision plus large permet
d’entrevoir la crise actuelle comme l’opportunité d’une remise en question de la
profession avec tout son héritage historique, ses identités multiples et souvent
inabouties, son image sociale peu valorisée, souvent à des lieues de la réalité. La
gageure que représente cette remise en question trouve écho dans l’affirmation d’un
enseignant pour qui « c’est lorsque l’on a perdu le sens que l’on peut découvrir
l’essence (T15)». Une perte de sens de l’activité soignante constitue, sans aucun
doute, une opportunité de pouvoir réfléchir à ce qui doit en constituer sa réelle
substance et son sens, en tant que finalité, mais surtout en tant que signification pour
l’humain. Vaste défi lancé à la formation et aux formateurs.
Perspectives au niveau de la formation
Il s’agit donc de repenser l’engagement à la lumière de ces deux dimensions,
en démontrant son utilité, sa pertinence et sa puissance, ce dès le début de la
formation, en le pensant comme un processus complexe et progressif d’assimilation
d’une identité collectivement légitimée et encouragée.
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