L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
professionnel, des savoirs professionnels, des individus exerçant cette profession et
de la formation.
La professionnalisation recèle des enjeux différents selon les groupes d’acteurs.
Ainsi, pour les corps professionnels tel que le corps infirmier, l’enjeu de la
professionnalisation se situe plus spécifiquement dans la reconnaissance sociale et
économique de la profession, ainsi que la reconnaissance de son utilité, et au-delà
encore dans la reconnaissance de soi au sein de cette société. Pour les organisations
en revanche, l’enjeu n’est pas tant dans la reconnaissance de la profession que dans la
reconnaissance des professionnels mais au service des organisations, en tant
qu’acteurs et promoteurs de celles-ci, contribuant à leur développement et à leur
réussite par le biais de leurs compétences (Le Boterf, 2010). Au niveau individuel les
enjeux sont encore différents. Alors même que le travail demeure un moteur
d’intégration sociale, l’enjeu d’être reconnu comme professionnel revêt une
importance fondatrice de l’estime de soi, mais également d’une certaine forme
d’identité (Dubar, 2007).
Le terme de professionnalisation est apparu dans le vocabulaire commun au
cours des années quatre-vingt, conjointement au terme de compétence issu de
l’entreprise, et s’inscrit dans les nouvelles formes de management organisées autour
de la libéralisation des marchés, des processus de décentralisation des décisions et de
l’augmentation de la responsabilisation des individus (Wittorski, 2007). Ceux-ci sont
appelés à se prendre en charge et à faire évoluer leur carrière par ce processus de
professionnalisation, encouragés par une plus grande autonomie et l’engagement
dans le lifelong learning. Le lien avec l’évolution spécifique des entreprises est
tellement fort que certains auteurs préfèrent d’ailleurs parler de
« managérialisation » plutôt que de « professionnalisation », évoquant par-là les
pratiques de rationalisation, de standardisation et d’externalisation (Lefèvre &
Ollitrault, 2007, p.97).
Les processus de professionnalisation s’appuient, le plus souvent, sur la mise en
œuvre d’un référentiel de compétences, considéré comme l’équipement « idéal »
garantissant l’adéquation entre les compétences obtenues par une personne durant
une formation, et son activité réelle à la sortie de la formation. Les compétences sont
donc envisagées dans une perspective d’employabilité et de pertinence par rapport
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