L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
situation n’est autre que la dimension éthique de la profession.
Même si l’on trouve, parmi les étudiantes interrogées, un attrait certain pour la
dimension technique, dimension nettement moins présente dans les deux autres
populations interviewées, des valeurs communes sont néanmoins très fortes. En effet,
dans les valeurs qui orientent les motivations des soignants toutes catégories
confondues, l’altruisme et la dimension relationnelle occupent très nettement le
devant de la scène. Et c’est tout particulièrement dans cette relation au patient que
l’engagement trouve sa principale source de satisfaction exprimée plus haut.
Lorsque nous avons demandé aux différentes personnes de nous citer les
valeurs les plus importantes, selon elles, dans leur exercice professionnel, seules
deux sur les dix-sept valeurs (sécurité et qualité des soins) n’étaient pas en lien direct
avec le patient, la plupart étant orientées vers la relation elle-même, et les autres vers
l’attention portée à la personne soignée dans sa qualité d’être humain malade et
vulnérable. Ces valeurs ne sont pas pensées dans une relation exclusive du soignant
envers son patient, mais sont incorporées dans un collectif qui en permet la pleine
expression. L’équipe joue en effet un rôle primordial dans le bien-être du soignant et
sa capacité à être disponible pour une relation de soins qui implique autant ses
valeurs que ses émotions.
Vu de l’extérieur, il est sans doute difficile de réaliser à quel point la profession
peut confronter le soignant à ses propres limites, à ses faiblesses et à ses craintes. Le
côtoiement quotidien avec la mort, la souffrance, la violence verbale et parfois
physique, des sentiments d’injustice, de tristesse… nous renvoient à notre simple
condition d’humain, dépourvue de toute mascarade. Or justement, cette
confrontation, en tant qu’elle vient renverser les murailles de nos certitudes
protectrices, se veut l’élément essentiel justifiant la nécessité d’une connaissance de
soi et de ses limites. L’engagement dans la relation de soin implique le soignant et les
limites de cet engagement doivent être réfléchies, car elles ne sont pas données
d’emblée. On pensera aux limites de la charge physique, mais il faut aussi considérer
tout autant les limites sur le plan du vécu émotionnel, les limites entre vie
professionnelle et privée, les limites de la relation à autrui…
Et si, pour certains, le soin de l’Autre se conjugue avec l’oubli et le don de soi,
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