L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
un positionnement, et de voir sa vie familiale en souffrir. Ce qui la conduit même à
envisager de pouvoir devenir une infirmière « robot », avec une approche techniciste
pure, même si cela n’est pas son souhait. Elle reconnait nécessiter jusqu’ici la
présence d’une tierce personne qui sache poser les limites pour elle, tout en étant
totalement au clair avec le fait que ce ne sera pas toujours forcément le cas.
La routine pourrait conduire à ce fonctionnement automatisé et c’est pourquoi
l’étudiante cherche à investir un domaine professionnel où règne l’imprévu, comme
les services d’urgences ou les ambulances. D’ailleurs un stage récent en psychiatrie,
davantage dominé par des activités répétitives, ne l’a pas du tout satisfaite. À cette
frustration s’est ajouté un sentiment de négation de soi : « … j’avais l’impression
d’être une marionnette, on tire dans un sens, dans l’autre… ». Elle se sentait
trop peu sûre d’elle pour affronter cela et s’est, du coup, retrouvée très mal à l’aise.
Le plaisir faisant défaut, c’est la démotivation qui a gagné du terrain et, là encore,
nous retrouvons la dimension d’absolu puisque l’étudiante estime n’avoir « pas été
engagée du tout ».
Cette étudiante semble très consciente de la nécessité de faire un travail sur elle.
Elle reconnaît avoir réalisé, peu de temps auparavant, l’intérêt du portfolio pourtant
mis en place depuis le début de la formation. C’est la remise en question sur ses
valeurs qui lui a paru particulièrement bénéfique et elle regrette que les apports sur
les valeurs soient restés très superficiels durant la formation, sans que ne soit
abordée la question des limites. Pour elle, un travail sur les moyens de reconnaître
ses limites, mais aussi sur la manière de les affirmer, de les défendre, ainsi que les
possibilités de mettre en place ou de développer des ressources pour justement faire
face à ces limites, seraient des outils extrêmement bienvenus pour l’entrée dans la vie
professionnelle. Avec les connaissances théoriques d’un côté, considérées comme le
socle sur lequel l’engagement se construit, et, de l’autre, un accompagnement
personnalisé dans la construction de cette identité reposant sur ses valeurs, le futur
professionnel serait beaucoup mieux armé pour faire sa place dans son champ
d’activité.
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