L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
durant toute la formation, au même titre que l’identité individuelle et nécessite d’être
accompagné (T14). C’est à cet accompagnement que les enseignants doivent œuvrer
en réfléchissant aux moyens d’aider à une prise de conscience sur la réalité, quitte à
devoir reconstruire sur les ruines de représentations erronées (T14).
Par ailleurs, la formation ne doit pas rester un espace confiné d’une réflexion
ponctuelle, mais ouvrir sur les autres champs d’intervention possibles. Ainsi, une
praticienne fait remarquer que, par le biais de la formation, il serait indispensable de
contribuer au développement de compétences que les soignants n’ont pas, à savoir
les compétences d’un engagement plus politique (P2). Elle argumente en disant que
l’on « connaît mal les lois de la politique et qu’il faut s’engager …
politiquement en sachant tirer les bonnes ficelles (P2) ». Il faut écarter ce « soi
niant » encore beaucoup trop largement influent dans la profession (P2). Cette
action politique permettra aussi de sensibiliser la population, de l’informer sur les
conditions réelles du système de santé et d’inciter, de cette manière, à une
mobilisation plus générale (P2). C’est aux jeunes professionnels de se fédérer et de se
positionner ainsi politiquement (T10), avant qu’il ne soit trop tard (P10). Pour ce faire,
la formation a une responsabilité importante en ce qu’elle est à même de leur offrir
des compétences et des ressources pour réussir ce positionnement et faire évoluer
l’image de la profession.
Il est nécessaire effectivement de souligner le degré, sans doute jamais inégalé,
de changement au cœur même de cette profession. D’abord centré sur le patient et la
médecine, elle s’est ensuite ouverte aux soignants, pour accueillir la notion
d’interdisciplinarité il y a quelques années, puis celle d’institution et, pour finir, de
nos jours, s’étendre à un phénomène sociétal (T3).
On mesure l’ampleur de cette évolution en regardant dans le rétroviseur de
l’histoire. De l’infirmière soumise au médecin (E1), celle-ci est devenue acteur du
soin, douée d’un jugement argumenté et conceptuellement fondé (T15). Elle doit
néanmoins encore fournir bien des efforts pour se débarrasser de la culpabilité qui
l’habite (E5, T9, T3, T5), alors qu’elle tend vers un idéal de perfection (T1) qui la
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