L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
conduire les étudiants à cette introspection qui leur permet de mieux pouvoir aider
l’autre : « mon engagement à moi il se situe justement dans l’accompagnement
des étudiants à la construction de cette, de cette compétence ». Mais, pour lui,
le problème en formation n’est pas tant la capacité des étudiants à faire une
démarche d’introspection, que les modalités organisationnelles ne lui permettant pas
d’être rendue possible pour tous. Certes certains contenus de cours (par exemple,
l’approche santé et maladie d’un point de vue psychologique) favorisent déjà une
amorce de cette dimension, mais cela demeure un socle très mince.
L’autre difficulté, que notre interlocuteur remarque à cette démarche, réside
dans l’écart entre l’idéal compassionnel de nombreux étudiants et la réalité des soins
qui génère la frustration. La difficulté se trouve dans l’impossibilité de mettre en
œuvre une démarche dont la personne est pourtant convaincue elle-même. Et son
expérience lui a fait rencontrer des jeunes professionnels qui expliquent qu’ils
préfèreraient ne pas avoir connu cet idéal auquel ils aspirent à présent, sans que
s’offre à eux la possibilité de le réaliser. Cet état de fait est source d’une grande
culpabilité pour l’enseignant, partagé entre l’envie de transmettre cet idéal et le souci
de générer cette frustration chez les futurs professionnels sur qui repose la lourde
responsabilité de « transformer le terrain ».
Pourtant, dit-il, « l’engagement est moteur d’une démarche indispensable
au soin » et le jugement clinique permet de lui donner un sens et une consistance.
Raison pour laquelle cet enseignant met un accent très important sur la notion de
jugement clinique.
C’est lui qui permet à la parole de l’infirmière d’être soutenue par une
argumentation, de mettre en mot ce que la situation de soin véhicule au plan
théorique et humain. Le jugement clinique permet de donner à voir le raisonnement
infirmier et, par là aussi, d’avoir une influence sur des décisions thérapeutiques, par
exemple. Il est le moteur d’une reconnaissance au niveau du système de santé dans
son ensemble. Il permet de relever le très grand défi qui consiste à conjuguer « le
mouvement vocationnel avec la dimension scie ntifique, l’agir compassionnel
avec l’engagement social, intellectuel et scientifique de l’infirmière », bref de
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