L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
elle. Pour plusieurs autres, la situation professionnelle actuelle génère une perte de
sens (E22) et une infirmière explique : « moi je peux pas exécuter des trucs, des
directives qui sont stupides, non ou qui sont contradictoires (P10) ». Cette
praticienne établit un lien direct entre le fait d’avoir été considérée comme un pion
que l’on déplace à sa guise, avec la perte de sens qui en découle, et le burnout dont
elle a été victime à ce moment-là (P10).
D’où l’importance d’un positionnement général et d’une information à la
population encore largement ignorante des difficultés réelles dans les milieux de
soins (P3). Celle-ci doit aussi être mise à contribution dans le combat mené, car celui-
ci n’est pas seulement économique, mais également politique (P5). Or les politiques
ne semblent pas toujours bien conscients de la réalité du contexte hospitalier, de
l’activité soignante réelle, ainsi que de l’impact de l’évolution démographique sur
cette profession. En effet, avec l’évolution démographique et le vieillissement de la
population, les situations de soins deviennent de plus en plus complexes, ces
personnes souffrant très souvent de polypathologies et nécessitant des soins
beaucoup plus invasifs que par le passé (P10).
Le départ d’un service n’est souvent pas la solution, car, « si on part de son
service parce qu’il y a des logiques comptables, on va se retrouver dans un
autre milieu où ce sera peut-être encore pire (P3) ». Partir c’est aussi perdre un
peu la bataille et une enseignante reconnaît que « c’est quand même un peu
frustrant parce que de se dire en même temps si les gens qui ont encore cette
motivation-là s’en vont, ça changera jamais rien ! (T4) », mais, dans la même
phrase, cette enseignante explique qu’elle n’avait en quelque sorte pas le choix, il
s’agissait pour elle d’une solution vitale : « C’est vrai que là, j’ai peut-être joué
ma peau (T4) ». Et, nous avons pu le constater aussi, beaucoup des professionnels
que nous avons interrogés ont fui les services hospitaliers traditionnels pour se
réfugier dans l’enseignement ou dans des secteurs moins sous pression, comme les
soins à domicile. Deux soignants citent même en exemple les soins intensifs,
expliquant que le stress y est très largement présent, de même que la charge de
travail. Mais pourtant les tensions se vivent beaucoup mieux, du fait que l’infirmière
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