L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE
garant des liens entre les trois pôles du triangle éthique (le troisième pôle, le « il »,
étant l’institution, la société et sa morale). L’éthique est une manière d’être à soi-
même, au monde et à l’Autre (Svandra, 2004). Le visage de l’Autre interpelle
indirectement la conscience du soignant pour le rappeler à sa responsabilité selon
l’approche lévinassienne.
C’est dire que l’engagement ne peut se penser dans un contexte solipsiste, mais
se trouve niché au cœur même de relations sociales. L’engagement est profondément
enraciné dans l’éthique. Il ne peut s’en extraire puisqu’il est mû par ce qu’il y a de
plus profond dans l’individu et s’inscrit dans un rapport d’extériorité et de relation.
Cette ouverture à l’Autre est indispensable au soin, qui a pour vocation d’accueillir
cet Autre dans sa détresse et dans ce qu’il est. C’est parce que l’identité de l’Autre est
respectée, que celui-ci peut envisager une relation sécurisante et de confiance.
L’engagement, même s’il est porté à réalisation par une seule personne,
s’effectue en regard d’autres personnes, ou en tout cas d’autres objets mus par des
personnes. C’est par la médiation d’un tiers et de son action sur ma personne, que je
vais m’engager ou non. La parole joue alors un rôle primordial dans ce travail de
construction réalisé en commun. En tout premier lieu, le soignant s’engage à écouter,
acte en lui-même fondamentalement éthique, nécessitant une grande ouverture et
beaucoup d’empathie, dans une relation parfois même dépourvue de communication
orale. À partir de cette écoute va ensuite pouvoir s’élaborer une construction
commune qui va donner du sens à l’action, qu’elle soit professionnelle ou non.
7.2 L’engagement dans une société néolibérale
L’engagement, en tant que comportement humain inhérent à l’activité
soignante, se trouve donc dans un champ de tension propre à la société néolibérale
qui est la nôtre. La crise économique et les mesures de restrictions budgétaires, qui
ont été mises en place pour y faire face par l’intermédiaire de la gouvernance, sont
portées par un management dont les objectifs premiers sont la rentabilité et
l’efficience. Si ces mesures sont sans doute, dans une large partie, réellement
nécessaires et pertinentes, leur application n’en est pas moins parfois très critiquable
172