L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
explique qu’elle ne prend pas position du fait de son statut alors qu’elle a été témoin
d’une situation qu’elle juge inacceptable (E16), dans de nombreuses situations, c’est
le sentiment de mener un combat perdu d’avance qui ronge l’élan des soignants. Une
enseignante explique : « … j’essaie plutôt de me taire parce que je trouve que ça
devient un peu un combat vain… (T12) » et une praticienne regrette que ce genre
d’attitude soit déjà présente chez des étudiantes fraichement diplômées, déjà
« blasées » et enfermées dans une forme de défaitisme attentiste (P10).
Selon certaines étudiantes, le positionnement devrait être davantage travaillé
durant la formation (E18), en particulier par le passage à l’écrit (E1). Certes, l’attitude
en tant que telle s’apprend tout spécialement par la confrontation aux milieux de la
pratique, dans le concret des situations rencontrées, mais elle peut néanmoins se
préparer dans son arrière-plan théorique (E1). En effet, pour être efficace, une prise
de position se doit d’être argumentée et étayée théoriquement. Une étudiante
explique, par exemple, qu’elle s’appuie sur les principes éthiques et déontologiques
avant d’amener des suggestions à ses collègues (E22). L’affirmation de ses
convictions ne se fait pas à l’arrachée (T10), sur un coup de tête, mais repose sur des
arguments solides (P8) qui peuvent être travaillés durant la formation. Pour un
enseignant, « c’est un impératif de pouvoir être là avec un niveau élevé de
jugement clinique et de pouvoir se positi onner clairement… (T15) ». L’analyse
de pratique constitue un moyen pédagogique de prédilection pour travailler ces
attitudes (T14). Partant justement de la pratique et des situations concrètes que
l’étudiante est susceptible de rencontrer, elle permet de réfléchir, entre autres par la
confrontation avec les pairs, aux différents arguments qui pourraient sous-tendre
telle ou telle prise de position (E11). L’analyse de pratique est donc à la fois le moyen
de se constituer un ensemble de références conceptuelles, expérientielles ou autres
pouvant nourrir des arguments, mais « c’est aussi le moment où on peut aider
l’étudiant à se positionner, à s’engager tout en verbalisant ses limites…
(T14) ». C’est un moyen d’apprendre à assumer ses positions de manière
constructive.
L’analyse de pratique, parce qu’elle se travaille en groupe, revêt un autre intérêt
tout aussi crucial, à savoir celui d’apprendre à se construire dans un collectif. En effet,
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