L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
vis-à-vis des autres hommes qu’elle engage. Elle n’est pas un rideau qui
nous séparerait de l’action, mais elle fait partie de l’action même »
(Sartre, 1996, p.35-37).
On entend ici l’écho à Kant qui demandait à l’homme d’agir dans l’optique que
ses agissements puissent servir de maxime pour toute l’humanité.
Dans cet extrait nous reconnaissons certains traits caractéristiques de la pensée
éthique telle que nous la vivons actuellement. L’acte est « bon » si je choisis de dire
qu’il est bon dans cette situation donnée et avec les paramètres dont je dispose. Cela
ne correspond pas à un absolu mais à un jugement effectué par un acte de la raison.
Or les décisions qui sont prises en conseil d’éthique, par exemple, nous engagent vis-
à-vis de l’individu concerné par la situation, mais aussi vis-à-vis de l’humanité
entière, étant donné la fonction représentative qui en découle.
Dans les pensées influentes, notons celles de Weber avec l’éthique de conviction
et l’éthique de responsabilité, ainsi que celle d’Habermas avec l’éthique de la
discussion. Alors que la conviction ne connaît pas de compromis et ne soucie pas
premièrement du résultat de ses actes mais de ce qui apparaît comme foncièrement
juste selon l’idéal considéré dès le départ, la responsabilité en revanche se centre tout
spécifiquement sur les conséquences de l’action. Il s’ensuit que le sujet doit opérer
des choix et hiérarchiser ses responsabilités par ordre de priorité, ce qui peut, dans
bien des cas, susciter des conflits éthiques internes ou non. L’éthique de la discussion
tente, quant à elle, de réconcilier les deux autres formes en prêtant à la discussion et
au dialogue une force régulatrice. Les êtres humains étant considérés comme doués
de raison, la discussion doit permettre la mise en compétition pacifique des différents
arguments rationnels pour qu’un compromis soit trouvé qui soit acceptable pour
tous. Elle permet donc, dans une certaine mesure, de respecter les convictions de
chacun, tout en se préoccupant des conséquences des actions. Sa difficulté vient du
fait qu’elle affirme la nécessité de réfléchir l’argumentation en évinçant toute
composante émotionnelle, ce qui semble très difficilement réalisable, surtout en
matière d’éthique. Ce faisant, elle nie une partie essentielle de l’être humain, celle qui
fait de lui un être mu par des sentiments (Fortin & Parent, 2004).
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