L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
Pour certains auteurs, une raison supplémentaire à ce décalage serait la
mauvaise compréhension de la prise en charge globale. Si on la comprend de
manière exhaustive comme étant le devoir de prise en charge d’une infirmière envers
chaque patient, alors force est de constater que la tâche est insurmontable, au vu du
nombre de patients et du contexte déjà évoqué. Il y aurait une distinction à faire, à
savoir que l’on ne parlerait plus d’une prise en charge globale d’un patient, mais de
prise en charge « selon une approche globale… ». Ainsi les termes de « prise en
charge globale » deviennent l’image d’un idéal à avoir en arrière-plan et non plus
un modèle à appliquer intégralement pour chaque patient (De Bouvet & Sauvaige,
2005).
2.2 La souffrance du paradoxe
Quelle que soit la portée de la prise en charge, il n’en reste pas moins une
souffrance chez les infirmières qui correspond à un décalage entre les soins qu’elles
aimeraient apporter à leurs patients et les conditions dans lesquels elles doivent
exercer leur profession. Il y a un
« écart considérable entre l’idéal éthique des soins et la possibilité de le
mettre en pratique. Il est probablement l’une des causes du fameux
burnout des infirmières… » (De Bouvet & Sauvaige , introduction).
C’est un désarroi que les étudiantes renvoient très souvent, surtout durant les
deux dernières années de leur formation. Lors d’un examen oral, une étudiante
devait présenter la situation d’un patient qu’elle avait pris en charge avec, pour son
analyse, l’utilisation d’une des théories de soins exhaustive enseignée à l’école. Cette
étudiante a présenté la situation d’une patiente psychotique hospitalisée en
psychiatrie et chez laquelle elle avait pu mettre en évidence, après avoir étudié
l’entier de la situation dans les moindres détails, des éléments qui avaient ensuite
permis de poser un diagnostic tout à fait différent du premier. Cela avait permis de
réorienter la prise en charge et d’accompagner la patiente de manière beaucoup plus
ciblée avec, au bout du compte, des résultats et une amélioration considérables.
Cette étudiante était très décontenancée à l’idée que l’équipe aurait sans doute
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