L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
Le formateur a donc non seulement une tâche, mais avant tout un devoir
d’aider l’étudiante à prendre conscience de ces risques dans l’engagement, avec
comme ressource première la réflexion sur soi et ses limites.
Il est cependant important de souligner, pour notre interlocutrice, le caractère
très exigeant d’un tel accompagnement des étudiantes. Les aider à verbaliser, en
exerçant l’art de la maïeutique, nécessite de vastes connaissances et des expertises
multiples. Les analyses de pratiques peuvent être de très bons outils dans ce sens là,
si elles sont guidées par des personnes compétentes. L’analyse de pratique ne saurait
se confondre avec des séances de discussion au retour des stages. Elle constitue
néanmoins une opportunité sans égal, dans la mesure où elle permet l’échange entre
les pairs et la verbalisation, deux ressources fondamentales pour le travail d’équipe
futur. Le collectif est aussi là pour aider à prévenir le stress et mettre en œuvre la
solidarité dans l’équipe.
L’anticipation permet de créer un pont entre l’idéal de l’étudiante et la réalité,
en privilégiant une réflexion sur les valeurs à investir, valeurs qui, selon elle, seraient
à cet âge-là encore comme de « la pâte à modeler ». Ces ressources doivent
permettre de tenir ferme dans la tempête et de garder le cap, c’est-à-dire le « bon »
sens, car « lorsque le sens s’en va, tout perd sa raison d’être ».
Selon cette professionnelle enseignante, un accompagnement pédagogique
réellement adapté à la pratique, doit être pensé dans le système de formation en
alternance qui est le nôtre. Or l’alternance est un modèle pédagogique exigeant, dont
la logique est à intégrer dès le départ. L’enseignante regrette qu’elle soit souvent
introduite après coup, avec une dimension alors très réductrice. Pour elle,
l’alternance s’appuie sur une analyse de pratique bien guidée avec les bons acteurs.
Malheureusement, jusqu’à ce jour, l’analyse de pratique n’est pas obligatoire et
dépend « du bon vouloir de l’enseignant ». Le partenariat entre l’école et le stage
devrait se développer autour d’une co-construction et permettrait ainsi de revaloriser
la pratique. Ce travail en commun aurait un impact immanquable sur l’identité
professionnelle, puisqu’une « communauté de réflexion » devient la source d’une
« identité commune forte et claire ».
451