L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
et défendre ses intérêts, lorsque lui-même n’est pas en mesure de le faire ou ne
dispose pas des connaissances suffisantes pour cela. D’autre part, elle doit aussi
mettre en évidence les situations critiques et les limites pouvant mettre en jeu la
sécurité des soins (P1). En effet, les conditions de travail actuelles ne garantissent pas
toujours un soin de qualité irréprochable et, lorsque le risque d’erreur pointe à
l’horizon, il est de son devoir de le faire savoir clairement (P4, E1).
Le positionnement de la personne trouve son point d’ancrage dans ses valeurs
(E18). Il est le moyen par excellence de les faire valoir et de les défendre (T11, P8). Il
est à se demander si la prise de position ne constitue pas le lieu d’articulation entre
les valeurs et l’engagement. En effet, qu’elle se fasse par le biais d’une verbalisation,
par l’intermédiaire de projets ou par l’adhésion à des organismes comme les
syndicats par exemple, la prise de position s’incarne dans une dimension
d’engagement (E18). Certes on ne saurait oublier que le refus d’engagement constitue
également un positionnement, lui aussi mû par des valeurs.
Mais se positionner implique de poser des limites, ce qui s’avère parfois difficile
pour les infirmières (E9, T12), comme cette étudiante l’explique : « … j’arrivais pas
à donner les limites et pis t’as pas envie de montrer que tu peux plus…
(E26) ». L’expression des limites est une attitude quelque peu antinomique avec la
conception du positionnement comme don de soi qui prévaut encore parfois (E9),
voire d’abnégation comme l’exprime une enseignante : « … je souffre chaque fois
que je pourrais faire ceci, mais qu’on me pousse à ne pas le faire… ou alors je
le fais et puis je prends sur moi… je m’épuise en le faisant (T12) ». La
personne préfère ici se murer dans une souffrance silencieuse plutôt que d’oser une
prise de position affirmée qui lui permettrait d’agir en pleine adéquation avec ses
valeurs.
Il faut toutefois reconnaître que cette prise de position exige d’avoir une
certaine confiance en soi (E9), et de se sentir soutenu également un minimum (P8)
pour oser s’affirmer.
Si un manque d’affirmation peut être perçu comme reflétant une certaine
lâcheté par certains (P3, P10), avec, dans plusieurs cas, des arguments qui semblent
bien être des excuses à un non-positionnement (E12), comme cette étudiante qui
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