L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
Si l’on en croit Jonas, le sentiment de culpabilité ne doit pas désinvestir le
soignant de sa responsabilité mais au contraire jouer un rôle de sentinelle dans le
souci de l’Autre. Dans ce qu’il nomme « heuristique de la peur », Jonas fonde la
responsabilité active sur une inquiétude qui se préoccupe du devenir de l’Autre et
sur une « sollicitude reconnue comme un devoir, d’un autre être qui, lorsque
sa vulnérabilité est menacée devient un "se faire du souci". » (Jonas, 1990,
p.421).
De la responsabilité qui s’exprime face à une autorité, divine par exemple, on
est passé à une responsabilité induite par le souci de l’Autre et sa vulnérabilité
(Svandra, 2008).
Mais cette responsabilité trouve aussi des réponses dans le cadre souvent
rassurant du droit et de la déontologie.
3.2.3 Éthique, droit et déontologie
Comme nous le rappelle Sirven, l’acte soignant ne naît pas ex nihilo mais
« chaque soin donné s’inscrit dans une pluralité de cadres qui assurent sa légitimité
et le régulent dans le champ social :
« Cadre thérapeutique, spécifique et pluridimensionnel (dimension
technique et relationnelle),
Cadre déontologique, fixant les devoirs du soignant et garantissant les
droits du soigné,
Cadre juridique du recours en cas de difficulté entre soignant et soigné,
relevant de la faute ou de l’aléa, susceptible de donner lieu à réparation
Cadre, de plus en plus évoqué, de l’éthique, gar de-fou marquant les
limites. » (Sirven, 1999, p.24).
L’éthique évolue au cœur de ces différents cadres mais avec des contours flous
qu’il est parfois difficile de distinguer des autres sphères qui gravitent autour d’elle.
Bien souvent, des problèmes que l’on croit être d’ordre éthique relèvent plus
spécifiquement du droit ou de la déontologie.
74