L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE
pédagogique spécifique, selon des étapes précises qui pourront être organisées sur
toute la durée de la formation. L’étude des différents paramètres du modèle,
organisée selon différentes étapes en fonction d’une conceptualisation et d’une
complexification croissantes, devra permettre au jeune professionnel d’être, en fin de
formation, au bénéfice de cette forme d’engagement conscientisé et positionné, qui
lui permette d’agir en fonction de ses valeurs, tout en étant conscient de ses limites et
de son droit à prendre position et à s’affirmer dans ses convictions. Cet engagement
sera fondé sur un positionnement axiologique réfléchi et assumé.
Au vu des liens qui ont pu être mis en évidence ici, nous pensons que ce travail
autour de l’engagement et de l’éthique qui le fonde, aura des répercussions sur le
soignant et la pérennité de sa motivation professionnelle, mais également au-delà sur
l’identité collective professionnelle, ainsi que sur la qualité des soins dans son
ensemble, dans la mesure où il favorise la construction de sens. Ce sens étant
d’autant plus présent que les trois domaines des valeurs, des efforts consentis et du
sentiment de devoir à réaliser sont dans une dynamique interactive étroite
(Duchesne et Savoie-Zajc, 2005). Plus la combinaison de ces trois entités est réussie et
plus l’engagement est sain et durable, facilitant par là-même la construction de
l’identité professionnelle, et plus ou moins directement aussi l’identité personnelle.
Si donc l’engagement est considéré comme une condition absolue de l’exercice
infirmier (Dallaire, 2008) dont on reconnaît les aspects positifs, il semble judicieux de
réfléchir aux conditions de sa mise en œuvre pour qu’il puisse se développer dans un
contexte favorable. En ce sens, le questionnement à la base de notre recherche peut
s’énoncer ainsi : Comment la formation peut-elle contribuer à une prise de
conscience des éléments qui influencent l’éthique de l’engagement de l’étudiante et
de l’étudiant, lui donnent sens dans des contextes parfois difficiles et contribuent à
un développement de cet engagement qui réponde à l’exigence du souci de l’Autre,
sans pour autant négliger le souci de soi et de ses limites personnelles ?
La thèse que nous défendons est donc celle de la nécessité d’un enseignement et
d’un accompagnement spécifique à la construction d’une éthique de l’engagement
professionnel réfléchie de l’étudiante, au service du patient et de la profession, mais
également au service de sa propre identité personnelle et professionnelle.
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