L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
21.2 La dimension éthique de l’engagement
On pourrait se poser la question de la pertinence du lien entre engagement et
éthique. Si le lien n’est pas donné d’emblée, il découle très clairement de l’association
de différentes questions. Selon les entretiens réalisés, plus de la moitié des personnes
considèrent que la motivation et l’adéquation avec les valeurs sont les raisons
premières de l’engagement. Or la motivation n’est-elle pas, elle aussi, le fruit de nos
valeurs profondes ?
Pour huit personnes sur dix, l’engagement est directement lié à un exercice
professionnel éthique, c’est-à-dire dont l’agir se fonde sur des valeurs personnelles et
professionnelles. Ces données sont corroborées par les affirmations très claires tant
de la part d’étudiantes que de professionnels ou d’enseignants, expliquant qu’il n’y a
« pas d’engagement sans valeurs (T11) ». Cette affirmation fait écho aux données
récoltées dans le questionnaire, et en particulier à la question ouverte qui posait la
question d’un engagement qui puisse ne pas être éthique.
Cette référence aux valeurs est extrêmement présente lorsque les soignants
s’expriment sur ce qui a motivé leur choix professionnel. Que ce choix soit le fruit
d’un « appel » reçu dès le plus jeune âge, d’un choix mûrement réfléchi ou même
d’un choix par défaut, tous reconnaissent l’impact des valeurs du milieu social et
éducatif dans lequel ils ont grandi, avec parfois l’influence de personnes plus ou
moins proches qui ont su leur transmettre ce goût du métier. Toutes aussi cruciales
sont les expériences personnelles ou professionnelles réalisées et l’impact qu’elles ont
pu avoir sur le développement de l’individu. Même si l’engagement professionnel
résulte alors davantage d’un besoin de « réparation », il n’en demeure pas moins que
des valeurs très fortes orientées vers la considération de la personne humaine sont
pléthore dans la façon dont les soignants expriment leur attachement à la profession.
Et le langage, par moment émotionnellement très chargé, se fait l’écho de cet
attachement profond, comme on peut l’entendre chez cette professionnelle
expliquant que, pour elle, la profession soignante relève de la vocation, c’est-à-dire
qu’elle représente l’acte de « se donner pour quelqu’un et puis d’apporter
quelque chose de soi à l’autre (P8) ». La mise en acte de ces valeurs dans la
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