L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
bagage de connaissances minimum, elle sera dans l’incapacité d’établir des liens et
de profiter de l’apprentissage. Mais les conséquences négatives se feront également
sentir parfois dans la gestion de ses émotions. Elle sera freinée dans la construction
de ses compétences tant sociales qu’individuelles ou professionnelles.
Notre société évolue et le mode d’apprentissage également. Nous sommes
passés d’un mode d’apprentissage majoritairement transmissif à un mode de
construction du savoir. Notre vie moderne s’articule autour de phases alternées
consacrées à la réflexion puis à la mise en pratique, dans un mouvement incessant.
Nous vivons l’alternance au quotidien.
Clénet et Roquet (2005, p.46-47) lient de manière intéressante la situation
d’apprentissage en alternance à l’idée de complexité. Ils reprennent le schéma
inhérent à l’apprentissage « sujet, action située, temporalité » et soulignent les
trois dimensions essentielles que sont la circularité, l’interaction et la responsabilité.
Il y a donc, selon ce schéma, un mouvement continu dans l’apprentissage par
alternance qui s’appuie et nécessite l’interaction. Il engage la responsabilité, tant du
formateur dans ce qu’il peut et doit transmettre, que du formé dans son rôle de
construction. Au-delà de l’apprentissage, c’est la responsabilité première qui s’exerce
ici, présente avant toute interaction, à la manière dont Lévinas la comprend.
L’alternance doit mettre l’étudiante en situation de se construire des
compétences lui permettant d’appréhender la complexité de sa réalité professionnelle.
Si nous considérons la compétence comme élément central dans la formation
soignante, en tant qu’elle « est la combinaison d’un ensemble de ressources
coordonnées pour appréhender une situation » tel que l’affirme Morin (1990),
nous avons deux raisons majeures qui donnent à la formation par alternance tout son
sens dans le domaine des soins infirmiers :
D’une part le fait qu’une compétence s’exerce toujours dans l’action et donc
dans la pratique. Pour construire des compétences réelles de soignant, l’étudiante
utilise des ressources en termes de savoir épuré mais également les ressources issues
de son expérience pratique.
D’autre part la compétence ne demeure pas individuelle mais s’inscrit dans un
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