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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES<br />

cela « vient <strong>de</strong> vocare, ça veut dire se dévouer, se donner pour quelqu’un et<br />

puis apporter quelque chose <strong>de</strong> soi à l’autre (P1)», exprimant le soin donc<br />

comme un véritable don <strong>de</strong> soi, une aspiration quasi innée : « j’ai toujours eu à<br />

l’intérieur <strong>de</strong> moi, tout ce qui est <strong>de</strong>s relations humaines et puis m’occuper <strong>de</strong><br />

l’autre, soigner l’autre, j’avais déjà ça <strong>dans</strong> mon caractère avant <strong>de</strong> me<br />

<strong>de</strong>stiner aux <strong>soins</strong> (P8)». Il peut s’agir d’un élan quasi passionnel (T14). Dans ce<br />

cas, l’engagement professionnel est lié à un choix personnel émanent d’une liberté<br />

fondamentale (Savadogo, 2008).<br />

Dans d’autres cas, on retient une certaine notion <strong>de</strong> contrainte. Inconsciemment<br />

ou non, le choix est influencé par <strong>de</strong>s évènements externes. On sera frappé, chez <strong>les</strong><br />

enseignants, tout comme chez <strong>les</strong> étudiants, <strong>de</strong> remarquer le lien assez fréquent entre<br />

ce choix <strong>de</strong> profession et une expérience <strong>de</strong> vie difficile vécue durant l’enfance,<br />

souvent une expérience avec la maladie. Nombreux sont ceux, en effet, qui ont été<br />

touchés par la maladie ou le décès d’un proche et qui expriment <strong>de</strong>s souvenirs<br />

diffici<strong>les</strong> <strong>de</strong> confrontation à leurs propres limites : « je m’étais sentie un peu<br />

impuissante (T9) » ; « j’ai souffert d’une réelle impuissance à accompagner<br />

ma grand-mère <strong>dans</strong> son processus <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> maladie (T14)» . Ces<br />

expériences réveillent comme un besoin <strong>de</strong> « réparer » quelque chose en soi :<br />

« J’avais 13 ans quand il y a eu l’acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> mon père, il est resté très<br />

longtemps hospitalisé. Donc tout tourne autour quand même <strong>de</strong> sauver <strong>les</strong><br />

autres, pis <strong>de</strong> me sauver moi aussi un peu quand même… (T13) », quand ce<br />

n’est pas l’expression d’une culpabilité, citée à cinq reprises : « J’ai ressenti une<br />

culpabilité extrêmement forte <strong>de</strong> l’avoir laissée seule à c e moment le plus<br />

difficile <strong>de</strong> son existence (mort) (T14) ». Une responsable <strong>de</strong> formation nous fera<br />

d’ailleurs remarquer que ce lien avec l’histoire <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s étudiants est souvent<br />

clairement i<strong>de</strong>ntifiable à partir <strong>de</strong>s autobiographies qu’ils doivent fournir à leur<br />

entrée <strong>dans</strong> l’école. Néanmoins, peu nombreux sont ceux qui sont à même <strong>de</strong> faire ce<br />

rapprochement <strong>de</strong> manière explicite et consciente. Lorsqu’il y a prise <strong>de</strong> conscience, il<br />

y a aussi tentative d’explication : « c’est comme si on avait besoin <strong>de</strong> comprendre<br />

pourquoi on a pas su faire, peut-être trouver <strong>de</strong>s ressources pour pouvoir le<br />

faire (T14)».<br />

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