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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES<br />

Or ce sens entrevu au travers du prisme <strong>de</strong>s valeurs personnel<strong>les</strong> et<br />

professionnel<strong>les</strong> se trouve <strong>de</strong> plus en plus mis en déroute par la nature <strong>de</strong> l’activité<br />

elle-même et <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> son émergence. Ces champs <strong>de</strong> tension entre l’idéal et<br />

le réel <strong>de</strong>viennent fréquemment <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> frustration qui occasionnent une<br />

perte <strong>de</strong> sens. Un sens qui réunit <strong>les</strong> enjeux individuel et collectif.<br />

Le sens, inscription d’une singularité <strong>dans</strong> un collectif<br />

Penser le sens et le promouvoir s’avère aussi avoir un double enjeu sur le plan<br />

éthique. On relèvera tout d’abord l’enjeu inhérent à une profession dont l’autrui<br />

représente le cœur <strong>de</strong> l’activité, mais on évoquera également l’enjeu afférent à<br />

l’équilibre précaire <strong>de</strong> l’activité soignante qui assiste à un face à face toujours plus<br />

acerbe entre <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong> la personne et <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> son exercice professionnel.<br />

Comme nous l’avons vu, l’engagement est très intimement lié à la notion <strong>de</strong><br />

sens qui en constitue la source et lui offre <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> son épanouissement.<br />

Dans <strong>les</strong> <strong>soins</strong> <strong>infirmiers</strong>, nous avions mis en évi<strong>de</strong>nce le nécessaire équilibre entre,<br />

d’un côté, <strong>les</strong> motivations et intérêts personnels investis <strong>dans</strong> l’activité et, <strong>de</strong> l’autre,<br />

la nature <strong>de</strong>s tâches à effectuer, le rôle prescrit et <strong>les</strong> conditions <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il<br />

s’exerce. Or la confrontation <strong>de</strong> nos résultats avec la littérature nous a amenée à<br />

constater une proximité entre ce binôme constituant <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> la balance<br />

<strong>dans</strong> notre modèle, et le binôme déjà évoqué par Aristote lorsque celui-ci examine la<br />

notion <strong>de</strong> travail (Imbert, 2000). En effet, le pôle <strong>de</strong> la tâche prescrite, <strong>de</strong> l’activité<br />

technicisée, instrumentée, orientée vers la finalité, n’est autre que celui <strong>de</strong> la poiesis<br />

chez Aristote. Il s’agit <strong>de</strong> l’action <strong>dans</strong> sa visée productive. En revanche, le pôle <strong>de</strong> la<br />

motivation correspond davantage à la praxis aristotélicienne, c’est-à-dire à une<br />

action ayant pour fin l’accomplissement du bien, dont l’homme est le principe avec<br />

sa pensée. C’est une action qui s’inscrit <strong>dans</strong> l’histoire singulière d’un individu<br />

appartenant à un collectif, et plus globalement encore à l’humanité. La praxis<br />

représente l’action humaine comme agir moral (Blon<strong>de</strong>au, 1999). En ce sens la praxis<br />

est une valeur avec un ancrage fondamental <strong>de</strong> la visée <strong>de</strong> la « vie bonne », alors que<br />

la poiesis est activité et « là où l’activité est elle-même sa propre fin, ce qui<br />

prévaut, c’est l’activité » (Imbert, 2000). Dans la poiesis, le but est externe à<br />

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