L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
au marché du travail. Tous les auteurs ne s’accordent pas néanmoins à voir dans la
compétence qu’un outil neutre permettant la professionnalisation de l’individu. Les
référentiels de compétences sont effectivement issus d’une rationalisation de
l’activité induite par la conjoncture économique (Piot, 2009). Si Scallon met en garde
contre le risque de confondre la compétence avec la notion de performance, qui est sa
manifestation observable (Scallon, 2004), Astolfi exprime ses craintes de voir les
compétences se substituer aux savoirs (Houssaye et Cosnefroy, 2010). Boutin et Julien
(2000), quant à eux, considèrent cette formalisation des savoirs dangereuse, puisque
ces derniers seraient ainsi soumis aux logiques du marché économique. La
compétence est appréhendée comme un potentiel générant une attente en termes de
résultats visibles et quantifiables (Rozenblatt, 2002). Ceci est d’autant plus
préjudiciable que les métiers adressés à l’humain, dont font partie les soins infirmiers,
ont la particularité de se trouver en tension entre une composante rationnelle,
codifiée, pouvant être reflétée par un référentiel de compétences, et une composante
interactionnelle, floue, par essence subjective. Les formations en soins infirmiers
doivent être pensées, certes en s’appuyant sur cette logique de compétences, mais
cette dernière ne doit pas occulter la part subjective et moins visible de l’action
infirmière.
Les compétences des professionnels, telles que décrites par Le Boterf (2010, p.23)
peuvent tout à fait s’appliquer aux infirmières.
On attend d’elles :
qu’elles sachent ajuster leurs réactions face à des changements ou prendre des
initiatives dans des situations complexes. Les infirmières ne doivent pas se
limiter à leur rôle prescrit, mais savoir mettre en œuvre différentes stratégies
dans l’exercice d’une profession qui fait face de façon régulière à l’instabilité
des patients dans l’évolution de leurs pathologies ;
qu’elles sachent gérer les différentes situations rencontrées avec une
intelligence pratique vive et utilisée à bon escient, sur la base de jugements
juste et fondés ;
qu’elles prennent en compte la demande des patients et lui donnent une
réponse adéquate ;
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