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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES<br />

plusieurs semaines parfois, sans raison majeure, mais pour optimiser le taux<br />

d’occupation <strong>de</strong>s lits, puisque maintenant « on veut <strong>de</strong>s chiffres… il faut faire<br />

<strong>de</strong>s chiffres (P3) ». Ce sont <strong>les</strong> principes même <strong>de</strong> déontologie professionnelle qui<br />

sont mis à mal, <strong>de</strong> même que <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong>s soignants qui sont attaquées. En effet, la<br />

pression constante <strong>dans</strong> le rythme <strong>de</strong> travail impose <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix et <strong>de</strong><br />

privilégier certains patients par rapport à d’autres, remettant ainsi en cause le<br />

principe même d’équité face aux <strong>soins</strong>, au risque d’ailleurs d’essuyer <strong>les</strong> critiques<br />

d’une hiérarchie pointant du doigt <strong>les</strong> lacunes repérées (P7, P10). Un praticien<br />

explique que ce système <strong>de</strong> pression constante entraîne un fort sentiment <strong>de</strong> ne pas<br />

faire du « bon travail », <strong>de</strong> ne pas « faire le travail jusqu’au bout (P3) ». À la<br />

frustration <strong>de</strong> ce travail empêché, s’ajoute la déception <strong>de</strong> ne pas être entendu <strong>de</strong>s<br />

supérieurs (P8), voire <strong>de</strong> réaliser que leur supérieure directe est aussi<br />

« instrumentée » et « muselée » par sa hiérarchie, étant elle-même assujettie à cette<br />

logique comptable (P3). Même <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins sont sous pression. Ils ne peuvent plus<br />

prescrire ce qu’ils veulent, mais se voient imposés <strong>de</strong>s traitements moins onéreux par<br />

le pharmacien <strong>de</strong> l’hôpital qui, lui aussi, doit justifier ses dépenses et chercher la<br />

rentabilité optimale, même si cela se fait au détriment du patient (P3). Dans <strong>les</strong><br />

institutions privées la pression remonte jusqu’au directeur dont la place dépend <strong>de</strong>s<br />

actionnaires qui statueront <strong>de</strong> son efficacité à une gestion performante (P3).<br />

C’est sans doute là ce qui nous frappe le plus lors <strong>de</strong> cette analyse, parce que<br />

cela revient à la manière d’un refrain lancinant. Il s’agit <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> l’humain <strong>dans</strong><br />

l’institution. En effet, <strong>dans</strong> un lieu où l’humain est censé se trouver au centre <strong>de</strong>s<br />

préoccupations, il semble que sa présence soit <strong>de</strong> plus en plus niée au profit d’une<br />

logique monétaire. Sur ce point <strong>les</strong> témoignages sont nombreux et édifiants. Nous<br />

avons cet exemple <strong>de</strong> patients qui ne peuvent pas recevoir <strong>les</strong> traitements prescrits<br />

parce que jugés trop onéreux (P3). Mais nous avons aussi l’exemple criant <strong>de</strong> cet<br />

infirmier veilleur <strong>de</strong> nuit qui a manqué <strong>de</strong> peu d’être étranglé par une patiente, en<br />

psychiatrie, alors que l’équipe avait donné l’alerte plusieurs jours auparavant pour<br />

signaler le comportement violent <strong>de</strong> cette patiente, totalement décompensée. Ce<br />

veilleur doit sa vie au « passage fortuit d’un autre patient qui s’était levé pour<br />

aller aux toilettes (P8) ». Et, malgré cet inci<strong>de</strong>nt et l’arrêt immédiat <strong>de</strong> ce soignant<br />

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