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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES<br />

interrogées. En effet, pour bon nombre <strong>de</strong> ces personnes, l’investissement est parfois<br />

démesuré <strong>dans</strong> ce domaine. Le travail du soignant est comme un puits sans fond et il<br />

ne semble jamais complètement abouti. Pourtant, une journée n’a que vingt-quatre<br />

heures (E4) et le manque <strong>de</strong> temps est chronique (E5). Certains ne voient plus cette<br />

limite temporelle, comme l’évoque cette étudiante à propos <strong>de</strong> professionnels<br />

rencontrés en stage : « … j’ai l’impression que, <strong>de</strong>s fois, ils (<strong>les</strong> soignants)<br />

voyaient pas la limite…. Des fois, ils faisaient même quand ils avaient pas le<br />

temps et… puis plus ils faisaient ça et moins ils avaient le temps et plus ils<br />

avaient l’impression <strong>de</strong> pas pouvoir faire comme il faut… (E17) ». Lorsque<br />

l’investissement n’est pas présentiel, pour <strong>les</strong> cadres, il peut également se vivre <strong>de</strong><br />

manière plus discrète : « j’en connais <strong>de</strong>s gens qui même après le travail ils sont<br />

au travail, même chez eux. Donc tout ce qu’ils font est en rapport avec le<br />

travail. Des choses qu’ils pourraient faire au boulot, ben ils amènent à la<br />

maison une partie <strong>de</strong> leur travail… ou bien d es gens qui reviennent <strong>dans</strong> le<br />

service après dix-huit heures alors qu’ils ont fini le travail à seize heures<br />

(P3) ». Pour <strong>les</strong> personnes interrogées, cette problématique temporelle constitue une<br />

réelle limite à l’engagement, <strong>dans</strong> la mesure où elle investit la sphère <strong>de</strong>s limites<br />

physiques et psychiques <strong>de</strong> l’individu qui « se tue à la tâche (E18) ». Un trop<br />

grand investissement conduit, sur le long terme, à un épuisement <strong>de</strong>s ressources<br />

individuel<strong>les</strong> (P7) et « c’est l’organisme… à un moment donné qui dit stop<br />

(E3) ». En parlant d’une collègue, une praticienne explique : « … elle se donne à<br />

fond, elle s’écoute plus et elle suit plus et on sent que régulièrement elle a le<br />

dos qui bloque et ça veut bien dire qu’elle en a plein le dos, et en fait c’est son<br />

corps qui dit stop à sa place… (P11) ». Ces personnes « sont saturées,<br />

surmenées… (P3) » et s’épuisent (E19). Plusieurs expriment <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> fatigue<br />

importants (E3) qui portent atteinte parfois à la santé (E2, E26, P4, P10) : « j’en avais<br />

marre, j’en pouvais plus… (E26) ». Le travail est déjà en soi lié au stress <strong>de</strong> par la<br />

responsabilité qui incombe à la tâche : « il y a <strong>de</strong>s limites parce qu’on travaille<br />

avec <strong>de</strong>s humains… (P7) ».<br />

Pour un certain nombre <strong>de</strong> personnes, il est délicat <strong>de</strong> savoir dire exactement où<br />

se situe la limite exacte à l’engagement (T9, E5), la juste-mesure (E19), le juste-milieu<br />

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