L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
L’étudiante infirmière vit cette tension toute particulière entre ce qui est
continuité, à savoir sa personne avec son vécu, ses valeurs, ses expériences qui ont
forgé son caractère et sa compréhension du monde et, d’un autre côté, ses
interactions nouvelles avec un monde méconnu, une profession elle-même marquée
d’une identité, des patients avec leur histoire, et des professionnels ayant chacun
également leur trajectoire personnelle et professionnelle.
Il importe donc de savoir comment se construit l’identité personnelle pour
pouvoir mieux cerner la dimension de l’identité professionnelle et la manière dont
celle-ci se construit tout au long de la formation du futur infirmier.
4.2 Compréhension du concept
Le questionnement autour de l’identité n’est pas nouveau. Il fait l’objet de bien
des études depuis fort longtemps déjà, tant au niveau de l’identité personnelle que
sociale ou professionnelle. Déjà certains philosophes présocratiques, tels Parménide
ou Héraclite, se sont interrogés sur le lien possible entre les notions de changement et
d’identité, question encore pleinement d’actualité aujourd’hui. Certains auteurs
actuels parlent même de crise d’identité (Dubar, 2000). Le fait est que l’identité
interroge de multiples facettes de la personnalité, de l’histoire du sujet, de son
expérience, de ses schèmes cognitifs, de ses valeurs et interroge de façon plus globale
la société et ses changements.
L’identité trouve un ancrage dans différentes disciplines, et tous les auteurs
ayant étudié ce thème s’entendent à souligner la complexité de cette notion.
Complexe parce que dynamique, en constante évolution, du début jusqu’à la fin de la
vie, et complexe également parce que soumise à l’influence du contexte au travers de
relations sociales et de trajectoires conditionnées socialement : elle est le « produit
des socialisations successives » (Dubar, 1999, p.5).
Lipiansky insiste sur le caractère infini de la construction identitaire, marquée
par des « ruptures et des crises » jusqu’à la mort de l’individu (Lipiansky, 1992,
p.37).
L’identité unit en son sein la continuité et le mouvement, marquée par des
phases régulières d’accommodation et de conflit. Elle unit ce qui reste permanent sur
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