L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE
éthique de rapport à l’Autre, a un impact direct sur l’identité (Ricœur, 1990).
La centralité de ce concept apparaît donc d’une importance essentielle pour la
discipline des soins infirmiers, tout particulièrement dans sa dimension éthique
interrogeant les valeurs mises en jeu dans l’engagement ainsi que les limites de celui-
ci. Or, si Rameix (1996) nous invite à une étude rationnelle des valeurs pour le
développement de la pensée éthique, Bobineau affirme à son tour son caractère
primordial face au phénomène de ce qu’il nomme une « effervescence axiologique »
(Bobineau, 2010a, p.50), soulignant par-là la prolifération de valeurs différentes dans
une société marquée par les échanges nationaux, internationaux, mais également par
le relativisme ambiant qui ouvre la porte à cette multiplicité de valeurs sans en
favoriser la hiérarchisation. Autrefois, dans la pratique, l’étudiante s’immergeait
implicitement dans un corpus clair de valeurs-clés. Aujourd’hui, elle doit se
construire son propre système de valeurs, c’est-à-dire faire le tri dans cette profusion
de valeurs « sans toujours avoir connaissance des tenants et aboutiss ants de
ses choix » (Bobineau, 2010a, p.50). Ces choix, cependant, devraient être réfléchis et
se baser sur une pensée critique pour « se concrétiser dans l’action et manifester
par là le sens de la responsabilité » (Gohier, 2007, p.12).
Cette pensée critique doit aller au-delà de la cohérence interne des théories pour
examiner la réalité et rendre explicites les valeurs qui viendront fonder ces choix
assumés. Il ne saurait être question de dénoncer un quelconque manquement à des
valeurs, mais bien plutôt de « situer une démarche critique dans un contexte
donné de l’engagement. » (Fritsch, 2000, p.96).
Dans ce contexte d’engagement, le soignant est l’acteur et l’éthique, en tant que
réflexion sur l’agir, commence par l’interroger personnellement, elle interroge son
implication dans les situations rencontrées. L’éthique est trop largement considérée
comme un outil de réflexion sur des situations présentant des conflits de valeur.
Dans la pratique institutionnelle, elle ne se distingue de la morale que difficilement
pour porter son regard sur les aléas du Bien dans le concret d’une situation. Mais ne
considérer l’éthique que sous cet angle, c’est occulter la part essentielle
d’introspection à laquelle elle nous convie en examinant nos valeurs, ce qui motive
nos pensées et nos actes et par là-même notre engagement auprès du patient. Il ne
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