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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE<br />

qu’il est nécessaire <strong>de</strong> « réviser le formalisme kantien pour mettre à nu la<br />

prétention universaliste qui en est le noyau dur » (Gaziaux, 1998, p.439).<br />

L’auteur met en question la suprématie accordée par Kant au principe d’autonomie<br />

sur celui <strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong>s conditions humaines et <strong>de</strong>s relations socia<strong>les</strong>,<br />

démontrant que l’autonomie est tributaire <strong>de</strong> l’hétéronomie.<br />

Or, s’il y a certainement une intégration d’un certain nombre <strong>de</strong> contraintes<br />

socia<strong>les</strong> par le biais <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> la socialisation, l’autonomie telle qu’on la<br />

conçoit aujourd’hui, <strong>dans</strong> notre société occi<strong>de</strong>ntale, entend essayer <strong>de</strong> se libérer au<br />

moins partiellement <strong>de</strong> ces « chaînes » inconscientes pour laisser la pleine expression<br />

au développement et aux désirs personnels. De prime abord cette conception semble<br />

être en opposition avec l’idée même d’engagement. La dimension <strong>de</strong> liberté<br />

véhiculée par le concept d’autonomie ne s’oppose-t-elle pas à celle <strong>de</strong> « mise en<br />

gage » ou <strong>de</strong> « mise au service » ? Le néo-libéralisme tente <strong>de</strong> promouvoir une<br />

conception <strong>de</strong> la liberté comme synonyme d’un choix absolument autarcique, non<br />

influencé par <strong>les</strong> contraintes d’une « vie bonne » ou d’un quelconque héritage<br />

sociétal, qu’il s’agisse <strong>de</strong> traditions ou <strong>de</strong> culture. La seule contrainte reste alors la<br />

nécessaire co-existence entre <strong>les</strong> acteurs. Déjà chez Rousseau, <strong>les</strong> valeurs sont<br />

considérées comme relatives et dépendantes <strong>de</strong> l’opinion personnelle sur le « bien ».<br />

La raison n’est en rien capable <strong>de</strong> faire sortir l’homme <strong>de</strong> cette parfaite subjectivité.<br />

Par la suite, Hobbes poursuit ce raisonnement, en argumentant que « le bien est<br />

toujours relatif au désir individuel d’acqu érir <strong>de</strong>s objets et du pouvoir. »<br />

(Gomez-Muller, 1999, p.86). C’est finalement cela qui serait censé donner un<br />

sens à l’existence. Pour <strong>les</strong> déontologistes contemporains, le problème <strong>de</strong> la<br />

coexistence <strong>de</strong>s individus mus par leur désirs personnels prime sur la « question du<br />

sens et <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> l’existence » (Gomez-Muller, 1999, p.23). La question<br />

éthique <strong>de</strong> la « vie bonne » est alors reléguée à la dimension individuelle, subjective<br />

et privée, <strong>de</strong> même que <strong>les</strong> principes qui s’y rapportent.<br />

Et pourtant l’autonomie pensée, comme nous l’avons vu, comme capacité <strong>de</strong><br />

« se donner à soi-même ses propres règ<strong>les</strong> » suppose donc bien l’existence <strong>de</strong> ces<br />

règ<strong>les</strong>, exprimant par là une limite à l’autonomie. En même temps ces principes ne<br />

constituent-ils pas aussi <strong>les</strong> gar<strong>de</strong>-fous érigés <strong>de</strong> l’intérieur, non imposés par une loi<br />

extérieure ? Loin <strong>de</strong> partir d’une table rase, l’être humain agit <strong>dans</strong> toute décision<br />

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